đ LA REVANCHE DE L'ANCIENNE ĂCONOMIE
đđ AprĂšs la crise Covid, quel monde Ă©conomique nous attend ? Krach boursier ou pas, effondrement financier ou pas, explosion de la dette ou non, inflation ou dĂ©flation, en gros appauvrissement ou enrichissement ?
Face Ă des questions aussi fondamentales, certains ne verront que le chaos poindre Ă lâhorizon, dâautres croiront en la capacitĂ© de lâHomme (avec un grand H) Ă relever les dĂ©fis, Ă les surmonter et, mieux encore, Ă (re)dĂ©clencher la machine du progrĂšs comme on a pu le voir avec le dĂ©veloppement accĂ©lĂ©rĂ© des vaccins Ă ARN, une rĂ©volution scientifique majeure !
đŽ Câest ainsi que dâun cĂŽtĂ©, nous trouverons les âdĂ©clinologuesâ, les apĂŽtres du dĂ©sordre, les chevaliers de lâApocalypse (ou autres qualificatifs ⊠à vous de trouver) qui annoncent, visage hĂąve, le dĂ©clin Ă tous les niveaux et la dĂ©croissance irrĂ©mĂ©diable Ă lâheure ou lâenvironnement se dĂ©grade Ă vitesse grand V.
đą De lâautre, les idĂ©alistes rĂȘvent dâune rĂ©pĂ©tition des âAnnĂ©es follesâ, une pĂ©riode de prospĂ©ritĂ© et dâeuphorie intellectuelle dâune dizaine dâannĂ©es dĂ©butĂ©e aprĂšs la PremiĂšre guerre mondiale suite Ă une (autre) Ă©pidĂ©mie meurtriĂšre, la fiĂšvre espagnole (qui porte dâailleurs mal son nom soit dit en passant puisquâelle ne venait pas dâEspagne).
Les deux visions diamĂ©tralement opposĂ©es que lâon propose ici sont certes exagĂ©rĂ©ment simplistes : on peut ĂȘtre optimiste sur certains choses et moins sur dâautres. Mais ces visions caricaturales tĂ©moignent tout de mĂȘme et en partie de notre vision du monde.
đĄ Deux questions Ă©mergent Ă ce stade :
Peut-on (vraiment) donner raison aux uns ou aux autres ?
Les optimistes peuvent-ils lâemporter ?
Pour rĂ©pondre Ă ces questions, il nous semble important de regarder dans le rĂ©troviseur. Cela peut paraitre Ă©vident mais les crises reviennent et repartent. La croissance disparaĂźt et rĂ©apparait. Les cycles dâexpansion et de rĂ©cession se succĂšdent. MĂȘme lâĂ©pidĂ©mie que nous traversons nâest, malgrĂ© toute lâagitation quâelle suscite, en rien une nouveautĂ© dans lâHistoire humaine.
Thucydide, le cĂ©lĂšbre stratĂšge athĂ©nien ne disait dâailleurs pas autre chose il y a dĂ©jĂ plus de 2500 ans : âlâHistoire est un perpĂ©tuel recommencementâ. Quelle sagesse !
Cette idĂ©e dâun retour incessant vers le passĂ© peut aisĂ©ment ĂȘtre transposĂ©e Ă ce que nous vivons aujourdâhui. Comme lâĂ©crit Jeroen Blockland, un gestionnaire de fonds, sur son blog, nous assistons depuis quelques mois Ă un retour en grĂące de lâancienne Ă©conomie. AprĂšs la âfinanciarisationâ Ă tous crins, il semblerait quâun modĂšle plus juste, plus Ă©quitable, plus Ă©quilibrĂ©, plus conscient des rĂ©alitĂ©s et des problĂšmes auxquels nous sommes confrontĂ©s soit en train dâĂ©merger.
Pour le dire autrement, la COVID a peut ĂȘtre mis fin Ă lâhubris, la dĂ©raison humaine qui pousse lâHomme (et la Femme) Ă toujours plus dâexcĂšs. Avec la mort, la maladie, le confinement et la vie sociale mise entre parenthĂšses, nous comprenons Ă nouveau ce qui a vraiment de lâimportance. LâĂ©pidĂ©mie a Ă©tĂ© notre chĂątiment, notre nĂ©mĂ©sis. Punis, nous pouvons repartir sur des bases plus saines.
ConcrĂštement, cela passe par le retour des politiques Ă©conomiques plus gĂ©nĂ©reuses, ces fameuses politiques keynĂ©siennes dont Joe Biden, le nouveau Roosevelt en encore plus offensif et fou, est le grand champion ! La rĂ©duction des coĂ»ts, le contrĂŽle des dĂ©penses, des dĂ©ficits, ou ce genre de choses pas trĂšs âfunkyâ passent dĂ©sormais au second plan dans ce nouveau monde Ă reconstruire, et ce, pour notre plus grand bonheur. La prioritĂ© est dĂ©sormais de penser Ă lâavenir (quel soulagement !). Comment le faire ? En investissant Ă fond dans les bons projets.
Or, depuis 2008, et la crise des subprimes, la politique monĂ©taire a largement dominĂ© la politique budgĂ©taire. JusquâĂ trĂšs rĂ©cemment, il sâagissait de prĂ©server la stabilitĂ© financiĂšre et les marchĂ©s avec des baisses de taux et des assouplissements quantitatifs (vous pouvez dâailleurs retrouver un focus sur la politique monĂ©taire dans notre dernier weekly rĂ©cap).
â ïž En consĂ©quence : lâinflation dans le monde rĂ©el est restĂ©e dĂ©sespĂ©rĂ©ment basse mais sâest reportĂ©e dans le monde financier, celui de lâabstraction, celui des mieux lotis. Le graphique de Goldman Sachs qui suit illustre ce phĂ©nomĂšne entre des Ă©volutions de prix trĂšs limitĂ©es dans lâĂ©conomie rĂ©elle et trĂšs forte dans les actifs financiers :
đ Mais aujourdâhui, les choses pourraient changer Ă nouveau. La logique qui prĂ©dominait depuis 2008 pourrait sâinverser : lâinflation qui avait disparu dans le monde rĂ©el semble revenir (pour lâinstant de maniĂšre temporaire) ! Pourquoi ? Parce que la politique budgĂ©taire est dĂ©sormais beaucoup plus proactive, orientĂ©e sur âlâĂ©conomie rĂ©elleâ et ciblĂ©e sur les mĂ©nages Ă faible revenu qui consomment plus que les autres en proportion de leurs ressources.
La relance budgĂ©taire qui nâest donc en rĂ©alitĂ© que la rĂ©pĂ©tition dâun passĂ© Ă©conomique pas si lointain vise Ă produire des âeffets multiplicateursâ, grĂące auxquels la stimulation de la croissance gĂ©nĂšre de maniĂšre automatique une nouvelle accĂ©lĂ©ration de la croissance.
Qui plus est, la réhabilitation des politiques keynésiennes offre deux opportunités majeures pour notre avenir en commun :
La premiĂšre : celle dâaccĂ©lĂ©rer la rĂ©alisation des objectifs de durabilitĂ©, avec le dĂ©clenchement dâinvestissements verts comme on le voit maintenant un peu partout dans le monde, en Europe, aux Ătats-Unis et mĂȘme en Chine (nous en avons parlĂ© dans notre dossier sur le plan Biden et sur la nouvelle politique Ă©nergĂ©tique chinoise) et ça câest top pour la planĂšte ;
La seconde : celle de (possiblement) rĂ©duire le fossĂ© entre les riches et les pauvres avec les politiques plus redistributives dont on vient de parler. Pour autant : il est utile de garder en tĂȘte que des Ă©tudes Ă©conomiques trĂšs sĂ©rieuses ont montrĂ© quâen gĂ©nĂ©ral lâĂ©cart a plutĂŽt tendance Ă se creuser aprĂšs une Ă©pidĂ©mie entre les plus fragiles et les plus aisĂ©s, quitte Ă menacer lâordre social. DâoĂč la vigilance de Biden et des autres âŠ
đ En regardant derriĂšre nous, on comprend quâil est important de ne surtout pas dĂ©sespĂ©rer, de prendre de la hauteur et de voir les turpitudes actuelles avec plus de sĂ©rĂ©nitĂ©, de les inscrire dans une continuitĂ© historique et de rĂ©aliser que rien nâest jamais perdu dâavance. Câest pourquoi, nous donnerons ici plutĂŽt raison aux âidĂ©alistesâ.
đââïž On vous laisse nous donner votre avis !
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