👋🏻 Bonjour à tous,
Je suis très heureux de vous retrouver pour le bulletin mensuel de ma newsletter. Ces dernières semaines, le monde 🌍 a beaucoup changé et les événements s’accélèrent. L’IA est relayée au second plan et de nouvelles dynamiques économiques et financières émergent. L’image de Tesla s’est beaucoup dégradée (j’en parle dans ma sélection en partie I) et la toute-puissance de la Big Tech américaine est fragilisée. Accrochez vos ceintures, c’est parti.
Le programme du bulletin de mars :
🔎 Ma sélection du mois sur la dégringolade de Tesla en Bourse : tendance de fond ou passage à vide ?
📊 Le point trading : la Big Tech américaine n’a plus la cote. Deux raisons expliquent le revers de fortune.
🎥 La vidéo explicative sur les conséquences possibles de la politique commerciale très agressive de Donald Trump.
🗳️ Le résultat du dernier sondage de Lettres Ouvertes : vous le savez, j’aime bien faire participer mes lecteurs. Certain(e)s m’ont demandé un récap. Je m’exécute.
🎁 La rubrique bonus : une newsletter à suivre, une réserve stratégique crypto aux USA, OpenAI qui innove encore, etc.
Tesla : le début de la fin ?
20 janvier : Donald Trump est investi 47ème président des Etats-Unis dans la rotonde à l’intérieur du Capitole (il fait trop froid 🥶 dehors). Non loin de lui se trouve Elon Musk qui a contribué à sa campagne présidentielle à hauteur de 277 millions de dollars.
Le milliardaire à la tête de 6 entreprises est ce jour-là au sommet de sa puissance. Il n’a jamais été aussi riche 💰. C’est même le premier homme à disposer d’une telle fortune dans l’histoire moderne.
Tesla, dont il est le patron, enchaine les records en Bourse. Et ce n’est pas tout, il vient d’être nommé à la tête du DOGE (Department of Governement of Efficiency), un poste de conseiller spécial, presque de confident ou de quasi-président diront certains, au côté de Trump. Sa mission est claire : réduire le plus possible la bureaucratie fédérale américaine.
Deux mois plus tard, la situation a bien changé pour Musk et ses juteuses affaires !
En février, le cours de Tesla a baissé ⬇️ de près de 30 %, son plus mauvais mois en 3 ans et de 15 % sur une seule séance le 10 mars. En conséquence, sa fortune personnelle (en grande partie virtuelle puisqu’elle est liée au cours de ses actions) a fondu de plus de 120 milliards de dollars depuis le début de l’année. Pour info, il détient 12,77% des actions de Tesla.
Que s’est-il passé ? Est-ce si grave ?
Trois grands facteurs expliquent le déclin de l’action Tesla : 1) la baisse des ventes de l’entreprise - en chute libre en Europe, en France et en Allemagne surtout -, 2) les craintes 🤯 autour des taxes douanières de Trump qui pourraient augmenter les coûts de production et 3) les protestations grandissantes contre les engagements politiques d’Elon Musk.
Je ne vais pas m’attarder sur les deux premiers facteurs mais seulement sur le dernier qui me semble en mesure d’affecter durablement la réputation de Tesla dans le monde. Comme l’explique Dan Ives, un analyste technologique réputé, “Tesla est Musk et Musk est Tesla”, comme Apple 🍎 était incarnée par Steve Jobs.
C’est ainsi que les engagements politiques d’Elon Musk en faveur de l’extrême droite allemande (il a soutenu l’AfD et fait ce qui ressemble à un salut nazi - même s’il s’en défend - dans la soirée d’investiture de Trump) et les licenciements massifs d’employés de l’administration fédérale menés par le DOGE, dont des chercheurs contre le cancer ainsi que le démantèlement de l’agence du développement international (USAID) sont de nature à détériorer l’image de Tesla. M. Musk a même qualifié l’USAID de “nid de vipères marxistes” !
Conséquence directe de son engagement politique : les mouvements de protestations ✊🏻 se multiplient en Europe, au Canada et aux États-Unis avec le mouvement “Tesla Takedown” - “démanteler Tesla” où des manifestations ont été organisées devant 50 showrooms Tesla à travers le pays.
Cependant, je pense qu’il est trop tôt pour affirmer qu’il s’agit du début de la fin pour Tesla, et ce, pour plusieurs raisons. En premier lieu, Tesla a déjà connu des hauts 🔺 et des bas 🔻 en Bourse et Elon Musk a déjà été au cœur de nombreux scandales pour des prises de position sulfureuses. Même si les récentes polémiques sont probablement les plus graves, les fondamentaux économiques de Tesla n’ont pas disparu d’un seul coup. Il faut ajouter que les difficultés ne concernent pas ces autres entreprises : xAI et SpaceX atteignent des records de valorisation. Même X se porte mieux.
Ensuite, il y aurait des dissensions grandissantes entre Donald Trump et Elon Musk, notamment en ce qui concerne l’ampleur des licenciements dans les agences fédérales. Le président américain a parlé de “scalpel et non de hache 🪓” pour mener les coupes dans les effectifs qui pourraient finalement s’avérer moins massives que prévu. Par ailleurs, son mandat à la tête du DOGE prendra fin en juillet 2026, ce qui pourrait réduire son rôle auprès de l’administration américaine. Moins d’exposition politique serait sans doute favorable à son business.

Il y a aussi un principe de réalité. Nombreux sont ceux à détester Musk, mais nombreux sont ceux qui utilisent toujours X, son réseau 🌐 social (ce sont parfois les mêmes d’ailleurs). C’est malheureux mais l’usage s’impose, indépendamment d’une réputation peu reluisante. Aussi, Elon Musk bénéficie toujours d’une image favorable auprès de nombreux Américains qui soutiennent les coupes budgétaires.
Si Tesla réussit à innover, à rester en avance dans les technologies de pointe et à proposer de meilleurs produits que la concurrence, il est fort à parier que les clients seront toujours là. Il faudra en particulier surveiller les chiffres de vente au moment de la sortie du nouveau Model Y et même d’un possible véhicule de plus petite taille 🚘 et moins cher (dénommé Model Q ou Model 2), qui pourrait ressembler au Cybercab, le véhicule de Tesla qui se déplace tout seul. Il n’a ni volant, ni pédale, ni rétro.
Selon moi, la vraie menace sur le long terme est la réorientation stratégique menée par l’entreprise. Parviendra-t-elle à réussir son virage (ambitieux) dans l’IA, vers le véhicule 100% autonome et les robots humanoïdes (Optimus faisant partie de Tesla), surtout si elle venait à avoir moins de cash pour financer ses investissements ? Rien n’est moins sûr.
Entretemps, il faudra voir si le conseil d’administration ou les actionnaires de Tesla considère qu’Elon Musk devient trop gênant. Ross Gerber, un investisseur historique de la marque, vient d’ailleurs de l’appeler à se retirer du poste de PDG. Rappelons aussi que Steve Jobs avait été écarté de la direction d’Apple en 1985 avant de reprendre ses fonctions 12 ans plus tard. Je reste preneur de vos avis. N’hésitez pas à aller sur le forum Reddit Lettres Ouvertes 2050 pour en discuter.
> Pour en savoir plus :
L’article de The Verge : “The Tesla protests are getting bigger and rowdier”
L’article des Echos : “Musk annonce que Tesla va doubler sa production aux Etats-Unis”
L’article de Fortune : “Tesla doomed in Europe? Not so fast”
Le live de la réunion de crise organisée par Elon Musk au siège de Tesla à Austin
La Big Tech n’a plus la cote en Bourse
Après avoir affolé les compteurs l’an dernier, les Sept Magnifiques composé de Apple, Microsoft, Nvidia, Alphabet, Amazon, Meta et Tesla traversent un passage à vide sur les marchés financiers. Depuis le début de l’année, l’index Magnifient 7 total Return de Bloomberg qui mesure la performance globale de ces 7 entreprises est en baisse 📉 de 14% !
Exception faite de Tesla qui est un cas un peu particulier comme je viens de l’expliquer plus haut, les 6 autres grandes entreprises du club baissent pour deux raisons principales :
La concurrence chinoise dans l’IA se renforce avec la sortie de DeepSeek qui a été un véritable coup de tonnerre. Les investisseurs cherchent donc à se désensibiliser des mega caps américaines. Du reste, la tech chinoise se porte à merveille depuis le début 2025. Le Hang Seng Tech Index, composé de 30 valeurs technologiques chinoises, a monté de 27%. Toutefois, l’écart de valorisation entre la tech américaine et la tech chinoise reste considérable.
La guerre commerciale lancée par Donald Trump à l’encontre de ses principaux partenaires commerciaux (Canada, Mexique et Chine, UE bientôt) génère un climat de fortes incertitudes. Pour s’adapter à ce nouvel environnement, les investisseurs américains délaissent les valeurs cycliques (très affectées par la conjoncture comme la tech) pour les valeurs défensives (beaucoup moins affectées par la conjoncture).
La vidéo du mois : et si Trump déclenchait la plus grande crise depuis 2008 ?
Dans une vidéo 🎥 de 22 minutes, Xavier Delmas, un influenceur finance, explique les conséquences de la nouvelle politique commerciale américaine. Voici quelques enseignements :
L’imposition de droits de douanes d’un montant élevé (entre 20 et 25 % voire plus) pour tous les produits importés venant des principaux partenaires commerciaux des USA serait un bouleversement économique majeur aux conséquences imprévisibles dans un monde où de telles taxes ont pratiquement disparu (elles sont comprises entre 1,5 et 2,5 % en moyenne dans les pays développés) depuis la Seconde Guerre mondiale, où les interactions n’ont jamais été aussi importantes et où les chaines de production n’ont jamais été aussi imbriquées ;
L’imposition de droits douanes pourraient renchérir fortement le prix de certains produits et générer une forte inflation aux États-Unis : une hausse de 45% pour les PCs 💻 et les tablettes et 25% pour les smartphones est anticipée. Eh oui, ce sont les consommateurs finaux qui paient la facture ;
Dans l’esprit de Donald Trump, ces taxes seraient un moyen de réduire de manière substantielle l’impôt sur le revenu et le déficit commercial américain qui a dépassé 1 000 milliards de dollars en 2024. Il faut dire que les droits de douanes finançaient largement les États avant l’introduction des impôts modernes. Mais le raisonnement est simpliste : il ne prend pas en compte le risque de représailles commerciales et la baisse de compétitivité des entreprises américaines ;
Stephen Miran, le chef économiste méconnu de la Maison-Blanche, est à l’origine de cette nouvelle doctrine commerciale américaine qui fait la part belle à un dollar faible. L’objectif affiché est de “disrupter la mondialisation” !
Résultat du sondage du mois dernier
Dans l’édition du mars, j’ai parlé des conséquences économiques possibles de l’IA dans le futur et proposé trois scénarios :
Un scénario optimiste 🟢 : forts gains de productivité + remplacement des emplois détruits par de nouveaux jobs ;
Un scénario pessimiste 🟠 : faibles gains de productivité + pas de changement en matière d’emplois ;
Un scénario dystopique 🔴 : forts gains de productivité + destructions massives d’emplois non remplacées + inégalités stratosphériques entre riches et pauvres.
Sur une trentaine de votants jusqu’à présent, 58% ont choisi le scénario optimiste, 32% le dystopique et 10% le pessimiste. Si vous voulez voter, il vous suffit de retrouver l’édition de février à partir du lien ci-après :
La rubrique Bonus
OpenAI a lancé de nouveaux outils ⚙️, dont Responses API, pour aider les entreprises à créer des agents d’IA et ainsi diversifier ses revenus ;
Google DeepMind a dévoilé Gemini Robotics, un modèle d’IA qui permet aux robots humanoïdes de s’adapter à des environnements complexes ;
Donald Trump a annoncé la création d’une réserve stratégique de crypto 💎. Bon, rien de révolutionnaire, elle sera constituée des bitcoins saisis par les autorités américaines. Pour l’instant, aucun achat direct de crypto n’est prévu.
BBVA est devenue la première banque européenne à proposer un service d’achat, de vente et de conservation de Bitcoin et d’Ethereum à ses clients.
Si vous voulez tout savoir sur ce qu’il se passe en Amérique 🇺🇸 et il s’en passe des choses, je vous conseille la lecture de Zeitgeist (un terme germanique qui veut dire ‘esprit du temps’) de l’excellent ; le tout en 5 minutes.
C’est tout pour aujourd’hui, n’hésitez pas à commenter, liker ❤️ et partager. Le réseau grandit chaque jour.
À très vite,
Amaury
Alors, début de la fin pour Tesla ? J’en doute. Musk a l’habitude des scandales, et son entreprise a déjà survécu à bien des tempêtes. Mais entre les ventes en chute libre, la grogne des consommateurs et un positionnement politique explosif, Tesla se met clairement en danger.