🤴 Qui est le roi de Wall Street ? / 🏦 Qu'est-ce que la masse monétaire ?
Bonjour à tous,
Nous sommes très heureux de vous retrouver pour l’édition de novembre 🗓 de notre monthly récap.
Avant toute chose, grosse actualité la semaine dernière : nous avons réalisé notre première interview dans le journal l’ADN ! Lettres Ouvertes ne cesse de prendre de l’ampleur et nous vous en remercions.
Vous pouvez, si ce n’est pas encore fait, vous inscrire à notre news à partir du lien qui suit :
Au menu ce mois-ci :
🏦 Notre sélection du mois autour des questions monétaires, et en particulier de la masse monétaire et des enjeux soulevés par le quantative easing (QE) ;
🔑 Le concept financier du mois : la loi de Wright ;
🤴 La personnalité du mois : le nouveau roi de Wall Street (non, ce n’est pas Leonardo Di Caprio) ;
📊 L’infographie du mois : le top des individus les plus riches de tous les temps.
📚 Le rapport économique de Pimco, le plus grand gestionnaire obligataire au monde, qui fournit des indications sur le futur économique et financier 🔮.
1/ La sélection du mois sur les questions monétaires
Depuis la faillite de Lehman Brothers en 2008 et encore plus depuis le COVID, nous entendons beaucoup parler de la politique monétaire et de son rôle primordial pour soutenir nos économies, mais l’on constate aussi que peu de gens comprennent vraiment ce qu’elle recouvre. En effet, le sujet n’est pas simple à aborder.
Prenant note du décalage qui existe entre l’importance qu’il revêt et la méconnaissance du grand public le concernant, nous avons déjà commencé à en parler dans nos précédentes éditions. Aujourd’hui, nous allons plus loin dans notre démarche.
Pour bien comprendre les enjeux, il faut d’abord se référer à la masse monétaire. Cette dernière correspond à la quantité de monnaie (fiduciaire ou “physique” comme les pièces et billets, et scripturale quand il y a un jeu d’écriture comptable derrière - c’est le cas pour les livrets d’épargne par exemple -) circulant dans une économie à un moment donné.
La masse monétaire n’est pas simple à calculer et dépend de la définition que l’on utilise. En Europe, elle se décompose en trois agrégats : M1, M2 et M3.
Ces agrégats sont classés par ordre de liquidité décroissant (ce qui veut dire du plus au moins facile à utiliser en tant que moyen de paiement) :
M1 = pièces et billets + dépôts en comptes courants (qui sont donc très liquides)
M2 = M1 + comptes sur livrets (avec un préavis inférieur ou égal à 3 mois) + dépôts à terme d’une durée inférieure ou égale à 2 ans
M3 = M1 + M2 + OPCVM monétaires + titres de créances de durée initiale inférieure ou égale à 2 ans
👉🏻 Vous trouverez dans le tableau suivant la proportion de chaque agrégat en zone euro en juin 2020 :
Avec ces premiers éléments en tête, plusieurs questions émergent :
Quel est le lien entre la masse monétaire et la politique monétaire ?
Les Banques centrales qui définissent la politique monétaire agissent sur la masse monétaire de manière directe et/ou indirecte pour mener à bien leurs actions conformément à leur mandat.
Tandis que la BCE 🇪🇺 est censée agir uniquement pour assurer la stabilité des prix, la Fed 🇺🇸 a une mission supplémentaire qui est de porter l’emploi à son “maximum”. C’est même sa priorité. On parle de double mandat !
Qui émet la monnaie (le secteur émetteur) et qui la détient (le secteur détenteur) ?
Dans l'Union européenne 🇪🇺, le secteur émetteur est constitué des institutions financières monétaires (IFM) telles que la Banque centrale européenne (BCE), les banques centrales nationales (BCN), les établissements de crédit, les organismes de placement collectif en valeurs mobilières (OPCVM) et d'autres institutions financières.
Le secteur détenteur est composé, sans surprise, des agents résidents hors IFM comme les ménages ou les sociétés non-financières.
Qu’est-ce que l’on constate ?
Depuis 2008, le ratio monétaire (M3) / PIB progresse dans le monde, ce qui indique que la masse monétaire augmente (nettement) plus vite que la richesse produite. Pour les monétaristes (un courant de pensée économique), un tel phénomène doit normalement générer de l’inflation ↗️.
Tout le débat actuel entre économistes consiste à savoir si la hausse des prix que l’on observe en Europe et dans d’autres régions du monde sera temporaire ou durable.
Quel lien entre le QE et la masse monétaire ?
Avec la modulation des taux d’intérêt directeurs, les Banques centrales agissent de manière indirecte sur la masse monétaire. Elles laissent l’initiative aux agents économiques de la répercuter dans leurs décisions.
Avec le quantitative easing (ou assouplissement quantitatif), elles agissent de manière directe (sauf exception que nous expliquons juste après).
Quand est apparu pour la première fois le terme de "quantitative easing" ?
Réponse : Sa première mention écrite est attribuée à l'économiste allemand Richard Werner en 1995.
Il invente l'expression lors d'une présentation pour des investisseurs nippons avant de la reprendre dans un article publié le 2 septembre 1995 dans le Nihon keizai shinbun, ou littéralement le "Journal économique du Japon".
Dans le cas du QE, le mécanisme est le suivant : les banques centrales rachètent aux banques commerciales des titres de dette (publique et/ou privée), ce qui a pour effet d’augmenter leurs liquidités ; liquidités qu’elles peuvent ensuite réinjecter en les prêtant aux agents économiques.
Petite précision : parfois, la reprise des titres de dette publique par une Banque centrale se fait en retirant la liquidité mise en jeu pour les acheter. On parle de stérilisation de la politique monétaire et donc, dans ce cas, l’offre de monnaie ne bouge pas. Objectif : éviter que les achats d’obligations deviennent inflationnistes.
Quels sont les débats qui émergent autour du quantitative easing ?
Ils sont, en grande partie, de deux ordres : 1️⃣ sur les effets secondaires que le QE génère ou pourrait générer, 2️⃣ sur les propositions alternatives pour assurer un équilibre économique. Pour certains, il n’y en a pas : c’est l’effet T.I.N.A. (“there is no alternative”).
Nous nous limiterons pour l’instant au premier débat sur les effets secondaires associés à ce que certains considèrent comme un déversement trop important de liquidités dans le système. En voici le détail :
Le gonflement “artificiel” du prix des actifs
❌ L’augmentation de la masse monétaire dont on vient de parler serait principalement dirigée vers les marchés financiers, ce qui augmenterait le risque de bulles spéculatives sur certains actifs (on parle souvent des cryptos, des valeurs technologiques, par exemple).
La recrudescence des inégalités
❌ Le QE augmenterait les inégalités entre une population proche des marchés financiers avec une capacité d’épargne importante et une autre composée de personnes sans emploi ou à faibles revenus sans capacité d’épargne et donc incapable d’accéder aux marchés financiers.
L’aggravation de la crise climatique
❌ Les obligations d’entreprises rachetées par les banques centrales favoriseraient les sociétés les plus polluantes selon des études. Pour répondre à ce défi, plusieurs banques centrales dont la BCE ont annoncé leur intention d’intégrer des critères climatiques dans leur programme de QE.
2/ La pépite économique du mois : la loi de Wright
🔎 C’est une loi empirique observée et étudiée par Théodore Wright en 1936, un ingénieur aéronautique américain. La loi postule qu’à chaque fois que la quantité d'aéronefs produits double, le nombre d'heures nécessaires à leur production diminue d'un facteur constant. Le coefficient observé par Wright était de l'ordre de 15%.
Dans les années 1960, le Boston Consulting Group a théorisé puis généralisé l’observation sous le nom de “courbe d’expérience”. En gros, plus la production cumulée d’une offre est importante, plus son coût unitaire baisse au fil du temps. À chaque doublement de la production d’un produit ou d’un service, son coût unitaire diminuerait de 10 % à 30 % selon le type d’activité considéré.
Quelle est l’implication sous-jacente ?
Le leader sur un marché (celui qui produit le plus d’unités de biens et/ou de services) aurait un avantage sur ses concurrents.
Quels sont les éléments explicatifs de la courbe d’expérience ?
Les connaissances en matière de production qui progresse au fil du temps
L’amélioration des process
Le pouvoir de négociation avec le / les fournisseur(s)
3/ L’infographie du mois sur les personnes les plus riches de l’humanité
Nous avons trouvé une infographie instructive mise en ligne par Visual Capitalist.
Qui est le grand vainqueur ?
C’est Auguste, Augustus en latin, le premier empereur romain 🤴 ! L’intéressé contrôlait plusieurs des États les plus puissants du monde, tout en détenant en parallèle d'importantes richesses personnelles.
Nous vous laissons le soin de découvrir les autres membres du classement et de la manière dont ils ont pu accumuler autant de richesses.
Pourquoi le classement doit être pris avec des pincettes ? Pour trois raisons …
1️⃣ Une grande partie de la richesse dans les temps les plus reculés de l’Histoire est liée à la terre ou à de vastes empires, ce qui rend les calculs extrêmement subjectifs ;
2️⃣ Les archives des époques les plus anciennes sont rares et/ou basées sur des légendes ou des histoires orales. Il est donc, par exemple, difficile de transposer dans le contexte moderne la richesse décrite comme “sans limite” de Mansa Moussa, le dixième roi des rois de l’empire du Mali, qui a fait fortune grâce à l’extraction de l’or !
3️⃣ Les taux de conversion des richesses en monnaies anciennes peuvent être différents selon les méthodes utilisées.
4/ La personnalité du mois : le patron de Blackrock
Désolé Mesdames, le nouveau loup (roi, prince, comme voulez) de Wall Street est nettement moins sexy que Leonardo Di Caprio. Mais il n’en reste pas moins très riche, puissant et influent.
🥁 Roulement de tambour : son nom est Larry Fink (en caricature juste après). C’est le fils d’un vendeur de chaussures de Los Angeles (et - accessoirement - d’une prof d’anglais).
L’intéressé, qui n’est autre que le patron de BlackRock, le plus grand fonds d’investissement au monde, est assis sur un tas d’or puisque son entreprise fondée en 1988 dispose aujourd’hui de près de 10 000 milliards de dollars d’actifs sous gestion 💰💰💰💰💰, soit trois fois le PIB de la France ! Sa société est également présente au capital des plus grandes sociétés cotées de la planète comme Apple, Amazon et Walmart. C’est donc un actionnaire très influent !
5/ Le rapport du mois
📚 Nous avons choisi de reprendre pour notre édition de novembre les principales conclusions du Forum séculaire annuel de PIMCO (le 40ème en 50 ans d’Histoire). Elles se concentrent sur les perspectives post-pandémiques pour l’économie mondiale et les marchés financiers dans les 5 ans à venir, en insistant sur les répercussions pour les portefeuilles des investisseurs.
Trois tendances se dégagent :
La transition vers les énergies vertes ;
✅ Dans de nombreuses régions du monde, gouverneurs, régulateurs et secteur privé intensifient leurs efforts pour décarboner leurs économies et atteindre la neutralité carbone à l’horizon 2050.
❌ Ce chemin devrait être semé d’embûches en faisant des perdants dans les secteurs les plus polluants.
L’adoption rapide des nouvelles technologies ;
✅ La pandémie a été un catalyseur pour leur adoption. Digitalisation et automatisation mèneront à de meilleures performances économiques.
❌ Mais là aussi, cette adoption pourrait poser des problèmes : inégalités entre ceux qui y accéderont ou pas et populisme qui pourrait en résulter.
Le besoin d’une croissance plus inclusive avec des gains mieux partagés
✅ Pimco prend l’exemple des deux superpuissances qui l’une et l’autre ont compris qu’il était primordial de réduire les écarts de richesses et de revenus pour préserver l’ordre social.
⭐️⭐️⭐️ Satisfecit pour notre projet : les lignes directrices de Pimco ressemblent à ce que nous avons proposé dans notre manifeste il y a quelques semaines.
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Voilà, c’est tout pour l’édition de novembre de Lettres Ouvertes !
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Carpe diem !
Amaury