👋🏻 Bonsoir à tous,
À la suite de ma newsletter de la semaine dernière et comme promis, je vais vous parler ce soir de la forte concentration des marchés actions dans le monde 🌎.
Une statistique illustre à merveille ce phénomène : les 10 plus grandes actions du MSCI All Country World Index (MSCI ACWI) représentent près de 20% de l’ensemble des milliers de valeurs de l’indice ‼️ C’est le plus haut niveau de concentration atteint ces trois dernières décennies, comme vous pouvez le voir dans le graphique ci-après issu du FT.
Pour ceux qui ne le sauraient pas, le MSCI ACWI est le plus large qui soit : il comprend près de 3000 valeurs de mid et large cap, réparties dans 23 pays développées et 24 pays émergents. Au total, il couvre près de 85% 💰 de la capitalisation boursière mondiale.
Cette concentration observée actuellement est-elle (vraiment) problématique et dangereuse ? Certains pensent que cette configuration de marché préfigure un krach ; ce déséquilibre ne pouvant durer éternellement. En ce qui me concerne, je dirais plutôt non et pour 4 raisons principales :
Dans les 10 plus grandes valeurs du MSCI ACWI, 9 sont américaines 🇺🇸 et comprend six des sept Magnifiques. Leur croissance boursière effrénée ne doit rien au hasard : ces entreprises affichent des cash-flows et des bénéfices impressionnants. Pour tout dire, nous avons affaire aux entreprises les plus rentables du monde, il est donc assez naturel que leur valorisation boursière soit élevée. Du reste, leur PER (price-earnings ratio) n’est pas forcément délirant, sauf pour NVIDIA. De plus, elles sont très avance dans la course à l’IA, un thème d’investissement central aujourd’hui.
La concentration observée est relative : elle est plus forte dans certains pays qu’au niveau mondial : le MSCI World est moins concentré que le CAC40 en France 🇫🇷 où trois valeurs - LVMH, Hermès et l’Oréal - pèsent pour près de 33% de l’indice parisien. Une tendance similaire est observée pour les principaux indices boursiers en Allemagne 🇩🇪 et en Chine 🇨🇳.
La concentration des marchés a déjà été très forte par le passé : aujourd’hui, le top des 10 actions d’entreprises du S&P 500 représentent plus de 30% de la capitalisation de l’ensemble des 500 valeurs de l’indice.
Dans les années 1960 et 1970, les actions des Nifty-fifty (un ensemble hétéroclite de sociétés américaines destinées à devenir des multinationales comme IBM, Kodak et Xerox) maintenaient régulièrement la concentration du top 10 au-delà de 30% également. Rien de nouveau donc …
De plus, l’histoire des cycles boursiers montre qu’il y a toujours eu des secteurs dominants, comme l’explique Peter Oppenheimer, le stratège de Goldman Sachs, dans son livre The Long Good Buy.
Aujourd’hui, c’est la technologie, mais ce furent les valeurs bancaires et financières entre 1800 et 1850, le secteur des transports entre 1850 et 1910 et le secteur de l’énergie entre 1920 et 1970.
Comme je l’ai expliqué la semaine dernière, certains des Sept Magnifiques et pas des moindres, à l’image d’Apple 🍎, la plus grosse market cap mondiale pendant des années et de Tesla, stagnent ou corrigent fortement ces derniers temps. Même Nvidia n’est pas épargnée avec une baisse du cours de son action d’environ 15% en un mois. Pourtant, les marchés boursiers ne s’effondrent pas. Bien au contraire. Il y a donc d’autres relais de croissance.
En revanche, il y a deux éléments importants à relever selon moi :
La concentration actuelle met en évidence la domination économique et technologique assez écrasante des Etats-Unis. Par exemple, Microsoft pèse plus que le CAC40 tout entier. “Ne pariez pas contre les USA” expliquait Warren Buffett en 2021 dans sa fameuse lettre annuelle aux actionnaires de Berkshire Hathaway, reflétant sa conviction que les USA, malgré les hauts et les bas, ont une capacité unique à prospérer et à s’adapter. Pas faux !
Dans ce contexte, je me pose la question suivante : pouvons-nous parler d’un monde unipolaire où une seule grande puissance domine toutes les autres ?
Le développement accéléré de l’IA pourrait accélérer la concentration du marchés actions et générer des revenus extrêmement importants, exponentiels diront certains. Selon une étude de PwC, elle pourrait même contribuer à hauteur de 15 700 milliards de dollars à l’économie mondiale d’ici 2030. Bon, je l’admets, le chiffre semble sortir un peu du chapeau. Quel que soit le montant, ce phénomène est susceptible de poser un problème sérieux : ce surcroit massif de richesse pourrait être capté par une poignée d’acteurs, renforçant encore un peu plus les inégalités entre les entreprises gagnantes et perdantes, à l’intérieur des pays, et entre pays.
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À très vite,
Amaury