💸 La Big Tech investit-elle trop dans l'IA ? / Les 2 secrets de Nvidia / Le Tesla Cybercab
#2. Bulletin d'octobre
👋🏻 Bonjour à tous,
Je suis très heureux de vous retrouver de plus en plus nombreux pour le bulletin 📑 d’octobre. Pour tout vous dire, j’ai eu du mal à faire des choix. Il faut dire que les dernières semaines ont été riches en avancées technologiques bluffantes. C’est pourquoi j’ai préféré me limiter à 4 rubriques aujourd’hui :
I/ Les acteurs de la Big Tech dépensent 💵 des sommes astronomiques dans l’IA. Leurs CAPEX ont littéralement explosé ces derniers mois ! Comment l’expliquer ? Est-ce judicieux ? Est-ce que c’est trop ? Je vous dis tout.
II/ L’histoire de Nvidia a commencé dans un fast-food 🍔 puis deux paris audacieux lui ont permis de devenir l’une des plus grandes entreprises du monde. Explications à lire en partie II.
III/ Le graphique 📉 de The Economist qui fait mal : l’Europe éprouve des difficultés grandissantes sur la scène économique mondiale et ne cesse de perdre en compétitivité. Un rapport à charge de Mario Draghi appelle au sursaut.
IV/ La rubrique fourre-tout : un compte à découvrir, Open AI qui lève des sommes folles, la vision de Sam Altman sur le futur de l’IA, le robot de Google DeepMind qui joue au ping-pong 🏓, Elon Musk qui lance le Cybercab et le Robovan, le partenariat entre Air France - Starlink, la tokenisation des actifs qui pourrait être moins massive que prévu, l’interview de Daron Acemoglu pour le FT et les prédictions de Polymarket sur l’élection présidentielle américaine.
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I- Les CAPEX de la Big Tech dans l’IA explosent
Dans le bulletin de septembre, je vous ai expliqué que les investisseurs commençaient quelque peu à s’inquiéter du ROI - return on investment ou retour sur investissement - de l’intelligence artificielle.
Il faut dire que les investissements des géants de la tech en la matière sont considérables. 📣 Selon le patron de Nvidia (cf. plus bas), nous vivons une “vraie révolution industrielle”. Et c’est le cas de le dire, au propre comme au figuré.
À l’inverse de la première révolution numérique, l’IA nécessite une puissance de calcul importante et, en conséquence, la mobilisation de beaucoup de capitaux. Il faut des data centers, des terrains pour les bâtir, des serveurs en grande quantité et des puces électroniques pour faire tourner ⚙️ l’IA générative. Il est même question de “giga factory”, comme pour la fabrication des Tesla !
Pour vous donner une idée, le coût d’un data center peut varier entre plusieurs centaines de millions et plusieurs milliards de dollars, selon son degré de sophistication et sa taille. Exemple récent : OpenAI et Microsoft voudraient lancer un supercalculateur dénommé Stargate, le tout pour la somme de 100 milliards de dollars ! Vous avez bien lu.
Et la big tech ne fait pas les choses à moitié. Au cours du premier semestre 🗓️, Microsoft, Meta, Google et Amazon ont déjà dépensé plus de 100 milliards de dollars dans l’IA, le même chiffre que celui cité plus haut. Vous l’aurez compris, les investissements devraient donc être multipliés ✖️ par 2, 3, ou plus à l’avenir.
Pour autant, beaucoup d’investisseurs considèrent qu’il est préférable d’être plutôt “light” en capital. Pour eux, il ne faut pas dépasser ⚠️ la barre des 10% en dépenses d’investissement par rapport au chiffre d’affaires, et encore plus pour des entreprises de la tech qui n’ont normalement pas beaucoup de coût de ce type.
Les CAPEX (Capital Expenditures ou dépenses d'investissement) sont les investissements à long terme qui permettent à une entreprise d'augmenter ou de maintenir sa capacité de production. Les CAPEX ne couvrent pas les coûts courants comme les salaires ou les factures.
Exemples de CAPEX :
1) acheter une nouvelle machine pour améliorer la production,
2) construire un nouveau bâtiment ou rénover un local,
3) investir dans un logiciel ou un système informatique.
Pour autant, les géants technologiques ne sont pas des entreprises comme les autres et ce type de ratio ➗ n’a pas forcément beaucoup de sens quand on les applique à eux. Ils ont atteint une taille immense. Ce sont des megacap.
Par ailleurs, ils disposent de montages de cash. De la sorte, il peut sembler rationnel de les réinvestir dans des projets plutôt que d’acheter des marketable securities (des instruments financiers à court terme) ou procéder à des rachats d’actions.
Mais il y a aussi une vraie question ❓ existentielle pour ces entreprises : si elles se font décrocher sur l’IA, elles pourraient perdre leur statut de leader technologique mondial au profit de nouvelles entreprises plus agiles. Certains considèrent, par exemple, qu’OpenAI pourrait atteindre 1 000 milliards de valorisation.
Conclusion
✅ Avec ces éléments en tête, j’aurais tendance à dire qu’il est moins risqué pour la big tech d’en faire trop que d’en faire trop peu, tout en supposant que l’IA aboutisse vraiment à une “économie sans limite” comme l’a expliqué Elon Musk, ce qui est loin d’être assuré. Si tel était cas, tout l’enjeu sera de savoir qui en tirera les fruits. Une start-up agile, un acteur établi de la big tech ou les deux ?
> Pour aller plus loin :
L’étude de Goldman Sachs : “Will the $1 trillion of generative AI investment will pay off ?”
La vidéo de Xavier Delmas : “Le pari démesuré des géants de la tech dans l’IA”
L’étude de JP Morgan : “A severe case of CovidIA”
Le post de blog de Sequoia que j’ai trouvé super intéressant, qui explique l’IA sous l’angle de la théorie des jeux : “The Game Theory of AI CapEx”
Mon article dans Singularity : “Is AI a Monopoly game ?”
II- Comprendre l’insolente réussite de Nvidia
Un jour au début de l’année 1993, Jensen Huang, Chris Malachowsky et Curtis Priem, trois trentenaires se réunissent dans un Denny’s, un fast-food à San José. Ils décident de créer une société qui portera le nom de Nvidia. 30 ans plus tard, elle est la deuxième capitalisation boursière mondiale, au coude-à-coude avec Apple 🍎 !

Comment expliquer ce tour de force ? Par deux éléments principaux.
1) Un pari audacieux. Au départ spécialisée dans les puces graphiques pour les jeux vidéos 🎮, Nvidia réoriente son business en inventant les fameuses GPU (Graphics Processing Unit) en 1999 ! Au départ, le marché n’existe pas puis peu à peu les choses changent.
Le tournant se produit quand Nvidia comprend, à l’aide de chercheurs 👨🔬qui travaillent avec l’entreprise, que ses fameuses GPU peuvent servir pour l’IA ! Nvidia lance ainsi l’IA computing dès 2012. Il faudra quelques années avant qu’elle en tire plein bénéfice
2) Nvidia n’est pas qu’une entreprise traditionnelle. C’est une entreprise plateforme, mais pas au sens technologique du terme comme Uber qui met en relation chauffeurs et clients, mais dans sa manière de faire du business. En 2006, elle lance CUDA (Compute Unified Device Architecture), une interface de programmation 🖥️ sur laquelle d’autres entreprises, développeurs et chercheurs peuvent construire des applications dans des domaines variés en utilisant la puissance des GPU.
> Pour aller plus loin :
Le podcast 🎧 “Nvidia : An Overnight Success Story 30 years in the Making” sur Jensen Huang et l’histoire de Nvidia. Vous saurez tout en 40 minutes !
Le podcast Acquired avec Jensen Huang qui révèle les secrets de sa réussite. Vous verrez qu’il a navigué au travers d’énormes difficultés pour arriver là où il est. Sa grande force est de gérer au mieux les périodes de crise.
III- Le décrochage économique de l’Europe
On le dit souvent, un schéma vaut mieux qu’un long discours. Celui que j’ai trouvé dans The Economist est une illustration parfaite : il met en évidence le décrochage économique et financier de l’Europe 🇪🇺 ces 20 dernières années.
Alors que l’Europe représentait plus de 35% du PIB mondial en 2005, elle ne représente à peine plus de 25% aujourd’hui. Le constat est encore plus flagrant côté capitalisation boursière.
Même s’il n’y a pas que l’économie et la finance dans la vie et que l’Europe a d’autres forces comme son modèle social, son inclusion, son avance sur l’ESG et la finance verte, le constat n’en reste pas moins problématique.
C’est dans ce contexte que Mario Draghi, ancien président de la BCE, a produit un réquisitoire contre l’Europe à retrouver dans son rapport 📚 en deux parties The future of European Competitiveness (Partie A - le panorama d’ensemble, Partie B - l’analyse approfondie secteur par secteur et les recommandations politiques)
Il dénonce en particulier le fardeau réglementaire 👨🏻⚖️ qui s’alourdit, l’insuffisante intégration des marchés des capitaux, le retard du continent dans les technologies de pointe et la très mauvaise stratégie européenne en matière d’innovation de rupture.
Mais ce qui me semble essentiel dans ce rapport de 384 pages, c’est que l’Europe a totalement loupé le coche de la révolution numérique et qu’elle n’a pas été en mesure de fonder des entreprises de taille importante, capables de rivaliser avec les mastodontes américains 🇺🇸.
À ce niveau, la question du financement est essentielle. C’est la raison pour laquelle j’ai publié une tribune 📰 dans Les Echos qui appelle à la création d’un Nasdaq européen. Ce serait un moyen d’éviter que nos jeunes pousses les plus prometteuses s’en aillent vers des cieux plus cléments pour trouver de l’argent. Mais bon, je l’avoue, ce n’est pas gagné. Les obstacles sont nombreux.
IV- Bonus
Voici mon choix du mois, n’hésitez pas à cliquer sur les textes en bleu pour naviguer sur les liens et en apprendre encore plus :
Comme je l’ai annoncé dans ma lettre de rentrée début septembre, je souhaite partager avec vous des comptes de créateurs à suivre. Ce mois-ci, je vous recommande la lecture 📖 de , la newsletter d’Alexandre qui propose tous les dimanches un récap complet de trois développements technologiques. C’est une excellente source pour être à jour sur tous les nouveaux outils et produits développés par les acteurs de la tech. 🆕 Exclusivité : nous travaillons sur une analyse commune à découvrir bientôt dans nos newsletters.
Après Grok qui a levé 6 milliards, OpenAI a fait encore mieux en récoltant 6,6 milliards de dollars auprès d’un pool d’investisseurs prestigieux. Faut-il y voir un lien avec le texte “The Intelligence Age” de Sam Altman qui nous présente SA vision très optimiste du futur 🔮 de l’IA ?
“It is possible that we will have superintelligence in a few thousand days (!); it may take longer, but I’m confident we’ll get there” - Sam Altman
Daron Acemoglu a répondu aux questions du FT sur le futur de l’IA. Dans un registre très différent de Sam Altman, il explique que des technologies jugées prometteuses ne sont pas devenues des technologies d’usage général, et que cela pourrait aussi être le cas de l’IA ! Pour info, l’intéressé est devenu prix Nobel d’économie 🏆 le 14 octobre.
Mira Murati, l’architecte de ChatGPT et CTO d’OpenAI, a décidé de démissionner, en raison d’un possible conflit avec Sam Altman, le CEO de l’entreprise. Elle serait en train de monter sa start-up. Sur les 11 fondateurs d’OpenAI, il n’en reste plus que 2 en fonction 😳.
Les modèle d’IA sont en train d’être entrainés de manière différente à partir de la chaîne de pensée 🧠, une façon de raisonner étape par étape.
> Si vous voulez en savoir plus, je vous conseille l’article “Let’s Think Step by Step” passionnant et accessible à tous de Jerry Cuomo, ingénieur chez IBM !
Le nouveau robot 🦾 de tennis de table de Google DeepMind est désormais en mesure de battre des joueurs humains amateurs ou de niveau intermédiaire. Ce n’est pas anecdotique car le ping-pong joue un rôle essentiel dans le benchmarking des capacités d’un robot boosté à l’IA, ce sport exigeant vitesse, réactivité et de la stratégie, entre autres. Cliquez sur le lien pour en savoir plus.
McKinsey entrevoit, dans un rapport, une croissance plus au moins rapide de la tokenisation en fonction des actifs financiers. 🟢 Pour les dépôts, les fonds communs de placement, les produits cotés, les repo, les prêts ou la titrisation, l’adoption pourrait être rapide. 🟠 Pour l’immobilier, les métaux précieux et les actions cotées ou non cotées, elle pourrait être plus lente.
Air France ✈️ s’associe avec Starlink, la société appartenant à SpaceX, détenue par Elon Musk, pour proposer gratuitement la wifi à ‘ultra haut débit” à bord de ses avions à partir de l’été 2025. Il faudra au préalable être inscrit au programme de fidélité Flying Blue.
Dans une semaine ⏳, les Américains voteront pour élire leur 47ème président. Si les sondages sont indécis sur l’issue du scrutin, il n’y a pas photo sur Polymarket, une plateforme décentralisée de prédictions. Donald Trump est largement donné vainqueur. Qui sera le plus fiable ? Sondages ou Polymarket ?
Elon Musk a dévoilé le 10 octobre le Tesla Cybercab, son robotaxi tant attendu, sans conducteur, sans volant et sans pédale, lors de l’événement “We, Robot” 🤖, inspiré du film “I, Robot” avec Will Smith, lui-même adapté d’un livre d’Asimov, à Los Angeles au Warner Bros Studio, ainsi qu’un Robovan pour transporter jusqu’à 20 personnes en toute autonomie. Son ambition est claire : faire pivoter Tesla d’un constructeur de véhicules électriques à une entreprise d’IA et de conduite autonome. Pari gagnant ? L’avenir nous le dira.
> Si vous voulez revivre cet événement digne d’un film de science-fiction en intégralité, cliquez sur le lien YouTube !
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Amaury
Je confirme, fouDeLaTech c’est vraiment super ! Merci pour cet article intéressant.
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