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👋🏻 Bonjour à tous,
Je suis très heureux de te retrouver pour le monthly recap d’avril. Je dois le confesser, je n’ai pas eu beaucoup le temps d’écrire ✍🏻 ces dernières semaines en raison d’un déplacement pro à Londres et de nombreux engagements perso.
C’est pourquoi je vous propose aujourd’hui de faire un break ⏸️ avec l’actualité brûlante pour vous parler de la Big Tech et, en particulier, d’un livre publié récemment qui a fait le buzz. Il est intitulé « Technopolitique » et a été écrit par Asma Mhalla, docteure en sciences politiques et prof à Science Pô.
👉🏻 Note : la première version de ce post a été à l’origine publiée sur LinkedIn mais j’ai décidé de la partager ici, avec l’ajout de quelques éléments supplémentaires pour prolonger les discussions. 📖 Bonne lecture !
I- La question du mois : la Big Tech est-elle en train de hacker nos cerveaux ?
Dans Technopolitique, l’auteure met les pieds dans le plat avec cette question polémique : la Big Tech est-elle en train de prendre possession de nos cerveaux ? Vrai ✅ ou faux ❌ ? C’est ce que l’on va voir !
Avant toute chose, et même si je suis en désaccord sur quelques points, je dois dire que je recommande la lecture de ce livre qui nous invite à la réflexion 🧠 en croisant plusieurs champs disciplinaires (politique, économie, technologie, géopolitique), sur le modèle des studies à l’anglo-saxonne.
Le déterminisme technologique
Par son propos, le livre met en évidence une nouvelle rupture dont j’ai déjà parlé dans mes précédentes newsletters 🗞️ : les innovations technologiques déterminent ou détermineraient largement le cours de l’histoire.
➡️ C’est ce qu’on appelle le déterminisme technologique.
Par exemple, l’avènement de l’imprimerie 📇, de l’électricité 🔌, d’Internet 🌐 et aujourd’hui des technologies numériques, dénommées de « l’hypervitesse » par l’auteure, ont façonné et seraient en train de façonner les structures sociales et économiques.
Mais la Big Tech, qui regroupe les grandes entreprises technologiques américaines 🇺🇸 mais aussi de plus petites start-up, de la défense en particulier, comme Palantir ou Anduril, irait encore plus loin.
Selon l’auteure, elle influencerait la politique, la géopolitique, les idéologies et le domaine militaire 🪖. Sur le plan individuel, elle aurait aussi des effets très profonds sur notre manière de penser et de nous comporter.
Rien de moins !
Elle serait, selon ses mots, à l’origine du projet de technologie totale qui influencerait toujours plus nos existences personnelles et collectives. Dans son livre, Asma Mhalla reprend la formule suivante du neuroscientifique James Giordano 📣 :
« Le cerveau humain est le nouveau champ de bataille du XXI ème siècle ».
L’hyper personnalisation des contenus et des publicités par le recours aux algorithmes et le déluge 🌨️ informationnel exponentiel seraient les deux principales armes pour hacker notre cerveau et mettre en place LA grande guerre cognitive de notre temps.
Ne pas céder au catastrophisme
Complotisme, conspirationnisme, populisme : la Big Tech serait, selon la vision de l’auteure, à l’origine de tous les maux et de tous les travers de notre époque. Pire, elle les amplifierait et nous mènerait vers le chaos 🫣.
Pour ma part, je ne partage pas ❌ ce point de vue, ou tout du moins, pas totalement, et ce, pour au moins 4 raisons :
1️⃣ Tout d’abord, les tentatives de manipulation et de désinformation ne datent pas d’hier et elles concernent aussi les démocraties. Les techniques utilisées ont seulement évolué.
« La manipulation consciente, intelligente, des opinions et des habitudes organisées des masses joue un rôle important dans une société démocratique. Ceux qui manipulent ce mécanisme social imperceptible forment un gouvernement invisible qui dirige vraiment le pays », ✍🏻 écrit Edward Louis Bernays, le maître des relations publiques, dans Propaganda, paru en 1928.
2️⃣ Ensuite, tout ce que fait la Big Tech ne se résume pas au chaos. Certes, les réseaux sociaux peuvent être nocifs voire dangereux. Mais, ils sont aussi une tribune 🗣️ dont se servent de très nombreuses personnes pour se socialiser ou partager de l’information (et de la bonne). C’est, sans doute, la raison première de leur succès.
3️⃣ En troisième lieu, je pense, contrairement à l’auteure, que les Big Tech restent avant tout des entreprises privées cherchant à maximiser leurs profits 💸. Rappelons, par exemple, que Google et Meta tirent une immense partie de leurs revenus de la publicité en ligne.
4️⃣ Enfin, tous les citoyens ne sont pas passifs et conservent un esprit critique ‼️ L’arrivée d’Elon Musk à la tête de X s’est traduite par une importante levée de boucliers, de nombreux abonnés et annonceurs ont d’ailleurs quitté la plateforme pour aller sur une autre, comme Threads.
Au total, nous sommes de plus en plus nombreux à avoir conscience des tentatives de manipulation des tech tycoons. Pour garder les faveurs de l’opinion, les responsables politiques sont d’ailleurs fortement inciter à accroître ⬆️ la pression sur les géants du numérique, ce qu’ils font, comme on va le voir en conclusion.
Renouveler la gouvernance politique
En revanche, je suis d’accord ✅ sur la nécessité de repenser le logiciel politique face au développement toujours plus rapide des technologies, dont l’intelligence artificielle, et des acteurs qui en sont à l’origine.
C’est ainsi que j’ai apprécié en particulier les deux derniers chapitres (Odyssée vers le futur 🔮 et la conclusion) qui offrent des pistes de réflexion en la matière, telles que :
Inclure de nouveaux droits 👨🏻⚖️ pour mieux protéger les citoyens (le droit à l’indétermination – ne pas être résumé à un ensemble de datas - par exemple est intéressant)
Faire intervenir davantage les chercheurs 🕵️♂️ et les membres de la société civile européens et américains dans la prise de décision sur ces sujets anxiogènes ;
Renouveler notre cadre éducatif 🧑🏻🎓, en accordant une plus grande place à d’autres disciplines : l’histoire des médias, du numérique, des outils de fact-checking et de modération de contenus.
Conclusion
Vous l’aurez compris, le livre d’Asma Mhalla ouvre de nombreux débats. Pour autant, je ne pense pas que la situation soit aussi apocalyptique qu’il n’y parait.
S’il est clair que le caractère envahissant voire monopolistique des Big Tech pose un problème ⛔️ et que la gouvernance de ces acteurs doit être repensée, le risque d’un hacking en règle de nos cerveaux me semble exagéré.
Les réactions aux propos délirants d’Elon Musk, l’audition très musclée de Mark Zuckerberg devant le Sénat américain il y a quelques semaines, l'éventualité d’un démantèlement ✂️ de Google (sur le modèle de la Standard Oil en 1911) et l'amende record de 1,8 milliard d'euros que vient d'infliger Bruxelles à Apple 🍏 pour "abus de position dominante dans l'industrie musicale", ainsi que les récentes actions du département de la justice américain toujours contre la marque à la pomme, prouvent que la Big Tech est plus que jamais dans le collimateur.
🎬 Pour en savoir plus sur le livre, je vous conseille l'interview de l'auteure très instructive réalisée par Béatrice SUTTER, directrice de la rédaction de l'ADN.
II- Les raisons de la performance de la Big Tech
Comment expliquer la performance boursière impressionnante des grandes entreprises technologiques depuis quelques mois ❓
Ci-après les 5 principales raisons :
1️⃣ Les incertitudes économiques et l’inflation mondiale ont amené les investisseurs à privilégier des entreprises avec de la visibilité et des perspectives de croissance ↗️ ;
2️⃣ Le pricing power : la Big Tech dispose d’une capacité de fixation des prix élevée. En gros, elles font un peu ce qu’elles veulent sur leur marché. Nvidia peut, par exemple, vendre ses puces électroniques à un prix délirant ;
3️⃣ Elles ont une rentabilité élevée, souvent bien plus que les autres entreprises ;
4️⃣ Elles ont des bilans financiers solides avec des niveaux de trésoreries 💰 impressionnants, de véritables trésors de guerre diront certains ;
5️⃣ Elles sont souvent très exposées à l’IA, un thème d’investissement clé 🔑.
⚠️ Toutefois, tout n’est pas rose pour la Big Tech, confrontée à plusieurs risques majeurs :
🧨 Des réglementations plus sévères autour des pratiques anticoncurrentielles à partir de lois antitrust. Rappelons que la Standard Oil a été démantelée en 1911 après 30 ans d’existence ;
🧨 Le risque réputationnel : certains utilisateurs pourraient se détourner de certaines plateformes (exemple de X) ;
Un avenir incertain pour l’IA générative : est-ce une mode passagère ou une vraie tendance de fond 🤔 ?
III- Le sondage sur la Big Tech
Après avoir lu ce qui précède, je te propose de voter 🗳️, n’hésite pas à le faire, ça n’engage à rien, c’est aussi pour se détendre et avoir de l’interactivité entre nous !
➡️ Tu trouveras ci-après les précédents rapports mensuels :
🗃️ Le rapport de janvier : ChatGPT : une consommation énergétique excessive ? / 📚 3 livres sur l’IA / Le prix de la démocratie !
🗃️ Le rapport de février : Sam Altman : nouvelle star de la Silicon Valley | Tout savoir sur l'Apple Park | Les Mag 7
🗃️ Le rapport de mars : Spatial Computing is coming / La bombe Sora & la fin d'Hollywood ?
➡️ N’hésite pas à partager Lettres Ouvertes à tes potes pour élargir l’audience et à suivre le compte sur Threads :
Très bon mois d’avril 🐠 !
Amaury