✨ Bonjour à tous,
Je suis très heureux de vous retrouver aujourd’hui pour le deuxième décryptage que je consacre aux technologies du futur ; technologies en mesure de transformer notre économie et même notre manière de vivre dans les années qui viennent.
C’est ainsi qu’après avoir parlé de la blockchain, j’ai décidé de vous parler du metaverse ou métavers en français 🇫🇷 mais j’utiliserai ici plutôt le mot anglais qui sonne mieux 😊. Précision : j’ai essayé d’être le plus concis possible car il y a beaucoup à dire.
💬 D’abord pourquoi avoir choisi de vous en parler ? Primo, parce que c’est un sujet hype qui fait l’objet d’un traitement médiatique très abondant depuis quelques mois, notamment depuis l’annonce de Facebook de prendre le nom de Meta en octobre dernier 🗓. Deuxio, parce que de grandes entreprises se positionnent sur le créneau ; du coup c’est forcément qu’il y a quelque chose qui se passe. Tertio, parce que parler du metaverse après avoir parlé de la Blockchain est assez logique, comme nous le verrons.
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Comme pour le premier décryptage, le mieux pour aborder un sujet nouveau est de faire deux choses :
Se poser les bonnes questions ;
Trouver et sélectionner de bonnes sources d’informations sur la masse d’informations que nous avons à notre disposition. Voici les miennes (j’aurais pu en fournir bien d’autres, évidemment), je suis preneur des vôtres :
Le rapport 📚 de 184 pages “Metaverse and Money” publié par la banque d’investissement Citi ;
L’article 📰 de Blockdata “The world’s biggest companies are in the metaverse”.
La vidéo 🎥 de Mark Zuckerberg “Le métavers et comment nous allons le construire ensemble”.
1/ Comment peut-on définir le Metaverse en quelques mots et sans se prendre la tête inutilement ?
En vérité, définir le metaverse n’est pas chose facile 🧐 puisqu’il existe un grand nombre de définitions selon les points de vue. Les acteurs qui se positionnent sur le marché ont d’ailleurs bien souvent des avis divergents sur ce qu’il recouvre et surtout sur la forme qu’il prendra à l’avenir. Du reste, il y en a de multiples déclinaisons. Il y a aussi de plus en plus d’acteurs qui veulent saisir les opportunités de ce nouvel écosystème numérique.
✅ Fin du suspense, voici la définition que je propose :
“Le metaverse est une évolution d’Internet basée sur des mondes virtuels durables et partagés dans lesquels les gens interagissent en tant qu’avatars 3D”.
En conséquence : le metaverse pourrait être une vision plus immersive et plus globale d’Internet.
☑️ Première précision : je signale que le terme “metaverse” a été utilisé pour la première fois dans le roman emblématique de Neal Stephenson “Le samouraï virtuel” tandis que le livre “Ready Player one” d’Ernest Cline et surtout son adaptation cinématographique par le réalisateur Steven Spielberg ont popularisé le concept.
☑️ Seconde précision : j’ajoute qu’en grec “meta” signifie “au-delà” ou “après” et “univers” fait référence en latin à “tout”. Le metaverse est donc “au-delà de tout”.
Pourquoi avoir choisi cette définition ?
Parce que je pense qu’elle replace le metaverse dans une continuité historique. C’est toujours cela qui importe quand on analyse un changement technologique majeur : il s’agit de remonter le fil des innovations, de voir comment elles s’enchainent, s’imbriquent les unes aux autres pour en arriver à la situation que nous observons. En clair, il est le fruit des multiples évolutions qui ont eu lieu au cours des années passées et qui ont commencé avec le Web ! Il ne sort donc pas de “nulle part”. Il y a eu ensuite les réseaux sociaux, les smartphones, la blockchain, tout un écosystème parallèle en marge du monde physique et réel.
🪄 Dès lors : pourquoi ne pas tout réunir dans un seul univers virtuel qu’est censé être le metaverse ?
Pour conclure, vous trouverez ci-après une remise en contexte depuis la création de SecondLife en 2003, sa toute première version :
2/ Qu’est-ce qu’il a de “si” spécial ?
Dans le metaverse, l’idée 💡 est de devenir propriétaire d’actifs. Dès le départ, il faut noter qu’une sorte de “scission” s’opère entre deux versions de metaverse : la première, plus évolué, est basée sur la Blockchain. Il est le fruit d’acteurs du Web 3. Le grand intérêt de ce fonctionnement est de pouvoir utiliser des actifs numériques, tels que les NFTs. Dans la seconde, la version « originelle », c’est l’éditeur du jeu qui conserve la propriété des biens. Cette version a été développée par les acteurs du Web 2.
🔬 Allons plus loin …
Dans la première version, vous pouvez donc posséder des éléments tels que des avatars, des terres et des boutiques pour vendre des biens virtuels.
Dans les versions plus anciennes comme Roblox ou Fortnite, il est possible d’utiliser de la monnaie virtuelle (le Robux par exemple) pour acheter des objets, mais ils restent la propriété exclusive du jeu, c’est-à-dire que vous ne pouvez rien en faire au-delà. ❌ Vous ne pouvez pas les vendre ou les échanger contre de la monnaie sonnante et trébuchante.
À retenir :
Dans les nouvelles versions de metaverse, vous devenez propriétaire des biens que vous achetez ; du coup il est possible de les échanger et de faire de l’argent avec (dans le meilleur des cas). En gros, le metaverse n’est plus un simple jeu, mais devient un moyen de faire des affaires avec des personnes bien réelles ;
Dans les plus anciennes versions, c’est le fabricant du jeu qui reste propriétaire de ce que vous lui achetez. C’est une transaction unique et en un seul sens.
3/ Comment ça marche ?
Pour comprendre comment ça marche, rien de mieux que de présenter à quoi pourrait ressembler une journée dans ce nouvel univers numérique avec pour équipement un casque de réalité virtuelle (pas encore disponible aujourd’hui toutefois) :
Le matin : vous pouvez partager une pièce avec d’autres utilisateurs pour discuter ou jouer aux cartes 🃏.
L’après-midi : vous pouvez sortir avec un ami dans un jeu de surf 🏄♂️ en 3D ou pour piloter une F1 🏎.
En fin de journée : vous pouvez vous rendre dans une galerie d’art NFT 🖼 pour acheter une œuvre, soit pour la garder, soit pour la revendre.
En soirée : vous pouvez aller dans un casino numérique ou assister à un concert en direct.
💬 Qu’est-ce qui change par rapport au monde réel ?
Vous n’avez plus à vous déplacer ;
Vous pouvez devenir un entrepreneur dans le monde virtuel alors que vous ne l’êtes pas dans le monde réel ;
Vous pouvez gagner ou espérer gagner de l’argent en revendant les objets / actifs numériques achetés.
Pour rappel, le metaverse est encore rudimentaire. Vous vous connectez à un ordinateur 👨💻 pour entrer dedans. Pas question encore de parler de réalité augmentée et encore moins de réalité virtuelle qui permettrait de déplacer votre avatar comme bon vous semble. C’est ainsi que les technologies immersives devraient accompagner le déploiement à grande échelle du metaverse, comme la fameuse iGlass 🕶.
5/ Qui le construit / qui achète ?
Beaucoup de grandes entreprises participent à la construction du jeu. D’ailleurs, la liste 📝 ne cesse de s’allonger. Vous pouvez notamment en savoir plus dans cet article à l’aide d’un fichier Excel téléchargeable.
✅ Warner Music, Adidas, Gucci, Carrefour, Coca-Cola ont notamment acheté des terrains sur des metaverses pour y implanter des magasins virtuels !
Pour rappel, Microsoft projette de racheter Activision Blizzard (une entreprise américaine de développement et d’édition de jeux vidéo) pour une somme colossale de 68,7 milliards de dollars 💰💰💰, ce qui en ferait au passage la plus importante opération en cash de l’histoire. Bien entendu, il s’agirait pour le géant américain de s’ouvrir les (grandes) portes du metaverse.
Vous pouvez retrouver dans le panorama de Blockdata les sociétés actives dans le domaine et selon le secteur d’activité dans lequel elles opèrent. J’ajoute que tous les secteurs ne sont pas mentionnés, notamment les banques qui semblent vouloir se lancer aussi, même si on a encore du mal à comprendre pourquoi.
Le projet de metaverse que je trouve le plus intéressant de tous est, à ce stade, celui de Disney. Pourquoi ? Parce que Disney est une entreprise déjà très présente dans nos imaginaires qui bénéficie d’une aura, d’un prestige et qui pourrait bénéficier de cette technologie pour faire découvrir ses nouvelles productions ou ses parcs d’attraction 🏰. De plus, je pense que le metaverse est particulièrement adapté au secteur de “l’entertainment” ou du divertissement, surtout dans la société du loisir dans laquelle nous vivons.
Pour les plus petits metaverses, issus de plus petits acteurs, je trouve le projet centré autour de l’art numérique, comme celui de Kalao, très porteur.
🚀 Pour que vous ayez bien conscience de l’ampleur de l’écosystème qui est en train de se construire sous nos yeux, je vous laisse découvrir le panorama mis au point par CB Insights sur les entreprises qui construisent les différentes couches du Metaverse ! C’est impressionnant (n’hésitez pas à zoomer).
J’ajoute enfin que certaines entreprises ne font qu’investir dans le metaverse et notamment dans l’immobilier foncier virtuel. À ce niveau, je peux citer Everyrealm, une société fondée l’an dernier.
6/ À quoi peut-il servir au juste ?
Hormis faire mumuse avec des avatars 3D, le metaverse pourrait servir à bien d’autres choses. Pour ses partisans, il sera utilisé pour une large gamme d’activités allant de la socialisation, au shopping, à l’art, aux événements, aux jeux 🎮, aux achats et même au travail par la formation professionnelle ou la tenue de réunion dans les entreprises et pourquoi pas entre entreprises !
Vous trouverez ci-après les différents cas d’utilisation établis par le cabinet Gartner.
Autre point intéressant qui n’est pas dans l’illustration : l’éducation, un créneau sur lequel Roblox tente de se positionner, comme j’ai pu en parler récemment.
7/ Quels sont les metaverses à découvrir ?
Vous pouvez découvrir Decentraland, The Sandbox ou encore CryptoVoxels.
Decentraland et The Sandbox (un metaverse français, cocorico), sont sur le même créneau : proposer des terrains virtuels à la vente qui peuvent ensuite être utilisés par leurs propriétaires pour y créer divers espaces à leur image. Ces deux acteurs ont su attirer de nombreuses entreprises dans leurs mondes virtuels.
Les objectifs sont triples :
Développer une communauté ;
Développer des événements virtuels ;
Créer un nouveau mode de communication.
Pour faire une pause dans la lecture de ce décryptage, je vous invite à découvrir le teaser du jeu The Sandbox dans le lien.
Avec CryptoVoxels, vous pouvez aussi acheter des terrains et faire d’autres choses comme construire des galeries d’art.
Bien entendu, vous pouvez en choisir d’autres comme Roblox.
8/ Quel est son avenir ?
🔮 Là est toute la question. Car nous en sommes qu’au début. Les jeux cryptos et NFTs et les applications décentralisées basées sur la Blockchain ont encore du chemin à parcourir pour être accessibles à un large public.
Malgré cela, des cabinets de conseil voire des banques d’affaires très réputés tentent d’ores et déjà d’estimer la taille du marché dans les années à venir. Même s’ils le font encore un peu à la louche, le potentiel semble considérable.
Pour Grayscale et JP Morgan, le metaverse pourrait représenter un marché de 1 000 milliards de dollars à un horizon non spécifié.
Pour CB Insights, une plateforme de market intelligence, le chiffre est aussi de 1 000 milliards mais d’ici la fin de la décennie.
Bloomberg estime de son côté que le marché pourrait valoir 800 milliards de dollars d’ici 2024.
Pour Citigroup, c’est nettement mieux : la taille du marché potentiel d’ici 2030 est estimé entre 8 000 et 13 000 milliards de dollars avec une définition large du metaverse qui serait accessible sur ordinateurs, smartphones et consoles. Dans une vision plus restrictive limitée à la réalité virtuelle, ce serait entre 1 000 et 2 000 milliards de dollars.
Tout un écosystème devrait naître derrière comme les casques de réalité virtuelle.
Mais ce n’est pas tout : le metaverse devrait doper la croissance des entreprises du secteur TMT (Technologies - Media - Télécommunications).
Voici la matrice du Boston Consulting Group qui résume cet aspect :
Conclusion
✅ À bien des égards, les débuts du metaverse rappellent ceux du mobile ou du smartphone à la fin des années 2000. À l’époque, beaucoup de gens, notamment les allergiques des technologies, le considéraient comme un gadget inutile. Aujourd’hui, les deux tiers des habitants de la planète en possèdent un !
Pour autant, il n’a rien à voir avec le smartphone. La comparaison s’arrête donc là. Car, avec le second, nous décrochons temporairement de la réalité, tandis qu’avec le premier, le virtuel occupe une place bien plus importante. Mais ce n’est pas tout : le metaverse pourrait transformer de nombreux secteurs d’activité.
Toutefois, il reste, pour l’heure, une projection dans l’avenir. Deux défis se posent à lui. 1️⃣ Le premier concerne l’interopérabilité des plateformes pour éviter une mainmise de quelques acteurs tout-puissants ; 2️⃣ Le second est de déterminer s’il peut être adopté de manière massive : sommes-nous (vraiment) prêts à sacrifier une bonne partie de notre vie réelle pour de l’amusement, voire pour échanger des objets qui n’auraient, de toute évidence, aucune réalité tangible ?
Du coup, le Metaverse pourrait ne pas être le futur unique d’Internet. C’est plutôt un des (nombreux) futurs possibles d’Internet, avec le web3 et la naissance de plateformes décentralisées qui opèrent sur la Blockchain. Il pourrait d’ailleurs être réservé à un public de “gamer” de “digital natives” par exemple, dont certains passent déjà beaucoup de temps à jouer en ligne ou à échanger dans des clubs de discussions tels que Discord. Je ne pense pas donc que le Metaverse puisse séduire les 4,9 milliards d’internautes sur la planète - selon les données fournies par l’Union internationale des télécommunications (UIT) -.
Pour autant, même si le metaverse ne séduit qu’une petite fraction de cette énorme masse d’internautes, notamment dans les économies développées et vieillissantes qui ont / auront accès aux technologies immersives pour interagir dans le metaverse, cela aura tout de même un énorme impact sur le modèle d’affaires des entreprises et sur notre vie sociale en général. Il ne devrait donc pas rester « limité » au niveau individuel.
Un autre effet important pourrait être de transformer notre manière d’échanger de la valeur : elle se ferait avec des cryptos, avec des jetons, avec des NFTs, et non plus avec des pièces, des billets (paiement en numéraire) ou des cartes bancaires (paiement scriptural 💳) avec comme support des monnaies émises par des nations souveraines. Ne parlons même plus des chèques qui entreraient dans la préhistoire !
De la sorte, le metaverse pourrait avoir un impact bien plus fort sur notre manière de concevoir la monnaie et les investissements au sens large que sur Internet en tant que tel. Après avoir abandonné le projet libra en début d’année, Meta (ex-Facebook) veut par exemple introduire un nouvel actif numérique pour son metaverse comme moyen de paiement ainsi que des jetons “sociaux” pour récompenser les utilisateurs. Il pourrait ainsi être un terrain d’expérimentation pour un système monétaire et financier virtuel mais en lien avec le réel ! Un vrai changement de paradigme que les institutions financières commencent à surveiller.
Pour autant, il faudra sans doute des années avant de disposer d’une forme de metaverse complètement aboutie et interopérable. Pour le construire, cela nécessitera d’importants investissements.
J’arrive à la fin de cette présentation générale. J’aurais l’occasion de faire des éclairages précis sur chaque dimension du sujet dans le cadre de prochaines publications.
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À très vite,
Amaury
Super
bravo ! Très belle édition, claire et instructive, même en s'y connaissant !