🇨🇳 La Chine peut-elle gagner la course mondiale de l'IA ?
👋🏻 Bonjour à tous,
Je suis heureux de vous retrouver pour une nouvelle édition consacrée à la stratégie chinoise en matière d’IA.
S’il est souvent question des risques qui entourent cette technologie, il est regrettable de ne pas assez s’intéresser aux implications mondiales 🌎 de l’IA. Nous vivons dans un monde globalisé, il est donc indispensable de voir ce qu’il se passe ailleurs. Du reste, j’ai moi-même été surpris par les progrès significatifs réalisés par la Chine en la matière.
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Introduction
En mars 2016, AlphaGo, le programme d’IA développé par Google DeepMind bat le sud-coréen Lee Sedol, considéré comme l’un de meilleurs joueurs de go ♟️ au monde. En avril 2017, il récidive contre Ke Jie, le numéro un mondial chinois de l’époque.
Alors que le jeu de go est très populaire en Chine, l’épisode est qualifié par Kai-Fu Lee, informaticien, homme d’affaires taïwanais connu pour son best-seller « AI Superpowers » de « moment Sputnik » de l’IA, en référence au choc créé en Amérique par le lancement en 1957 par les Soviétiques du premier satellite 🛰️ en orbite autour de la Terre.
En réaction au choc suscité par cette défaite jugée humiliante par les élites chinoises, Pékin décide, du jour au lendemain, de se lancer dans la course à l’IA pour faire du pays un leader mondial dans ce domaine d’ici 2030.
La stratégie hybride de Pékin
C’est ainsi qu’en juillet 2017, la stratégie nationale chinoise est définie avec le plan intitulé « New Generation Artificial Intelligence Development Plan ». L’ambition du gouvernement chinois est de faire passer le pays du statut « d’usine 🏭 du monde » à celui de grand centre mondial de l’innovation avec un secteur manufacturier modernisé.
Pour ce faire, des champions nationaux sont sélectionnés afin de conduire les efforts en intelligence artificielle dans des secteurs clés 🔑 tels que la conduite autonome, la reconnaissance vocale ou encore la santé. Les entreprises choisies bénéficient à ce titre d’un important soutien gouvernemental.
En parallèle de la planification stratégique, Pékin encourage la compétition pour soutenir les startups et les entreprises innovantes à partir de financements de grandes entreprises, des incubateurs et des accélérateurs.
La Chine progresse rapidement dans l'IA
Sept ans plus tard, dans l’ombre des acteurs américains 🇺🇸 et d’OpenAI, la Chine a réalisé d’importantes avancées. Elle est d’ores et déjà leader dans la reconnaissance faciale, une technologie très controversée, perçue comme un instrument de contrôle social en Occident et qui nécessite une réglementation 🧑🏻⚖️ stricte pour garantir son utilisation éthique et responsable.
Elle est aussi en avance dans la robotisation de son économie. Le gouvernement chinois compte sur les robots humanoïdes 🦾 propulsés par l’IA pour moderniser son industrie, la rendre plus compétitive sur la scène internationale, tout en faisant face à son vieillissement 👴🏻 démographique et sa pénurie de main d’œuvre.
Des géants de la tech et de nombreuses licornes
Les progrès réalisés en 7 ans ont été rendus possibles par l’essor 💫 des BATX (Baidu, Alibaba, Tencent et Xiaomi) ou GAFAM chinois, devenus des leaders mondiaux de l’IA. Outre ses grandes entreprises, la Chine possède aussi de nombreuses startups, transformées en licornes 🦄 de l’industrie. Moonshot AI, SenseTime, 01.AI, conçu pour être l’équivalent chinois d’OpenAI, font partie des jeunes pousses locales.
Au total, la Chine possède 369 licornes - une entreprise technologique privée dont la valorisation atteint ou dépasse un milliard de dollars -, soit moitié moins que les États-Unis, mais nettement plus que l’Europe qui n’en aurait que 128. À noter, que les licornes chinoises de l’IA représentent 14,1% de l’ensemble des licornes nationales.
La réaction américaine
Conscients des progrès de son grand rival dans le secteur des technologies de pointe, les États-Unis ont restreint ⛔️ en août dernier les investissements directs des fonds de capital-risque américains dans trois technologies sensibles en Chine : les semi-conducteurs, l’information quantité et l’intelligence artificielle donc.
Il faut dire que par le passé, le private equity et venture capital américains ont largement participé au financement du secteur technologique chinois, à l’image de ByteDance, la maison-mère de TikTok, valorisée à plus de 225 milliards de dollars aujourd’hui. C’est ainsi que Susquehanna, General Atlantic et Sequoia Capital détiendraient une grande partie du capital de l’entreprise technologique chinoise.
Alors que l’IA nécessite de larges ressources financières, la Chine se tourne désormais vers de nouveaux investisseurs, en particulier en Arabie Saoudite 🇸🇦. C’est ainsi qu’un fonds de capital-risque de Saudi Aramco, le géant pétrolier saoudien, vient d’investir 400 millions de dollars dans Zhipu AI, une start-up chinoise d’IA générative.
Conclusion :
🔴 Pour me mouiller un peu, je ne pense pas que la Chine, malgré des atouts indéniables - combinaison de grande quantité de données, d’un entrepreneuriat dynamique et d’un soutient gouvernemental important -, puisse véritablement prétendre à s’imposer comme leader mondial de l’IA, pour deux raisons principales :
En premier lieu : elle fait face à d'importants défis, notamment en matière de régulation, de protection des données et de coopération internationale avec un financement de ses jeunes pousses beaucoup plus contraint que par le passé. Les préoccupations concernant la surveillance 👁️ et le respect des droits de l’homme peuvent également influencer sa position sur la scène mondiale ;
En second lieu : de la même manière que nous assistons depuis quelques années à une fragmentation d’Internet en plusieurs réseaux distincts 💣, dénommée Splinternet, il est probable qu’une IA-balkanisation se développe dans le futur, selon les intérêts nationaux de chacun.
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À très vite,
Amaury