
👋🏻 Bonsoir à tous,
Je suis très heureux de vous retrouver ce soir pour une nouvelle lettre sur la gouvernance de l’IA. Avant de commencer, n’hésitez pas à vous inscrire 📩 pour ceux qui ont reçu cette édition par un autre moyen :
Il y a trois semaines, j’ai publié un sondage 🗳️ sur la page LinkedIn de Lettres Ouvertes. La question posée était la suivante : Faut-il nommer un ministre de l’IA à temps plein en France ? Le résultat du sondage plutôt serré : le NON l’a emporté avec 53% des suffrages !
❌ Pour ceux qui répondent “non”, un ministre de l’IA ne changerait rien à la situation. Il pourrait même aggraver les choses, avec une régulation qui viendrait étouffer l’innovation et les investissements ;
✅ Pour ceux qui répondent “oui”, un ministre de l’IA permettrait d’amorcer une dynamique vertueuse. Il permettrait d’acculturer les citoyens et de définir un cadre réglementaire adapté (ni trop contraignant, ni trop souple).
🙋♂️ De mon côté, je pense que s’il y a bien un sujet où les responsables politiques doivent se mobiliser de toute urgence, c’est bien l'IA tant les implications de cette technologie sont (on le voit tous les jours) et seront nombreuses à l’avenir, à la fois sur le plan économique et au-delà. Je suis donc totalement favorable à la création d’un ministère de l’IA, mais à deux conditions bien précises !
Une technologie toujours plus omniprésente
Les derniers mois ont montré l’importance croissante de l’IA en termes de compétitivité, de souveraineté technologique et de développement économique. Très clairement, nous avons affaire avec l’IA à une technologie d’usage général, dont les effets touchent tous les secteurs d’activité dans des proportions variables : la banque, l’éducation, la défense, le divertissement, la santé 💊, la publicité, la recherche & développement et bien d’autres encore sont ou seront touchés.
Chacun à son niveau commence à le ressentir : l’intelligence artificielle est en train de transformer notre manière de travailler, de nous informer et de créer. Elle pourrait assez rapidement avoir des impacts sur le niveau d’emploi et même modifier la hiérarchie entre les grandes puissances mondiales 🌍, en défaveur de l’Europe pour le moment.
Dans un futur plus éloigné encore, l’IA pourrait redéfinir notre place dans l’univers, surtout si des modèles d’IA plus intelligents que nous venaient à apparaître. Il est même question d’un X-Risk, ou d’un risque existentiel pour l’espèce humaine, menacée de disparition. C’est donc un sujet qui mérite une attention particulière de la part des responsables politiques.
Une triple mission
Pour autant, les réserves sur la création d’un ministère de l’IA sont tout à fait légitimes. Dirigisme et sur-réglementation sont des écueils ⚠️ (bien connus) à éviter. Je pense ainsi que deux conditions doivent être réunies avant de se lancer dans un tel projet. En premier lieu, ce ministère devrait avoir un mandat clair, concerté avec les citoyens.
De mon point de vue, le ministre de l’IA aurait une vocation de facilitateur, de coordinateur et de chef d’orchestre. Son rôle serait triple :
encourager les investissements 💶,
travailler sur un cadre réglementaire adéquat 👨🏻⚖️ et,
garantir une large compréhension des implications éthiques, sociales et économiques de l’IA auprès du grand public. Bien souvent, la méconnaissance suscite la méfiance voire la défiance. Selon une étude du Boston Consulting Group, la France est le pays le plus pessimiste 🤨 sur le sujet de l’IA générative dans le monde.
En second lieu, le ministère de l’IA devra s’appuyer sur une gamme diversifiée de compétences. Il devra réunir, entre autres, des experts en IA, en grands modèles de langage, en sciences informatiques 👨💻, des spécialistes en données, des juristes spécialisés dans la régulation de la technologie, des éthiciens, des communicants et des leaders pour guider la stratégie.
L’effet signal
Il faut noter également que la France ne part pas d’une feuille blanche sur la question de l’encadrement publique des technologies. En 2008, l’économie numérique devient un portefeuille 🗃️ministériel à part entière. Aujourd’hui, nous avons en France un secrétaire d’État chargé du numérique, en la personne de Marina Ferrari, qui participe à la « mise en œuvre du programme d’investissements d’avenir dans le domaine de la transition numérique ».
Enfin, la création de l’IA serait de nature à déclencher un effet signal 🔊. En économie, le concept fait référence à une information donnée par un émetteur qui aide le récepteur à prendre une décision. Pour expliciter les choses, si un gouvernement adopte des politiques favorables à l’innovation technologique, il envoie également un signal aux entreprises et investisseurs, les encourageant ainsi à investir davantage dans ce domaine. Avec un ministère de l’IA, la France enverrait un signal fort à la société civile et aux autres pays du monde.
🔔 Pour finir, je voulais vous annoncer une très grosse nouvelle : je viens de lancer une newsletter 100% en anglais et 100% consacrée à l’IA. Elle est dénommée Singularity. C’est un gros projet sur lequel je travaille depuis quelque temps, avec le soutien de mes proches qui ont beaucoup insisté pour que je me lance. Si elle est plus destinée à un public anglophone, aux USA 🇺🇸 en priorité, vous pouvez aussi vous inscrire. J’aurais l’occasion d’en reparler dans les mois à venir. Avant cela, n’hésitez pas à lire mon tout premier post en anglais “How far AI will go ?”
❤️ Si vous aimez Lettres Ouvertes et Singularity, n’hésitez pas à en parler à vos proches et à leur transmettre par mail :
Amaury