Bonjour à tous,
Je suis très heureux de vous retrouver pour un nouveau décryptage 🔭 gratuit consacré à un livre phénomène : la biographie d’Elon Musk par Walter Isaacson, l’ancien directeur de la rédaction du magazine Time, et l'auteur de la fameuse bio sur Steve Jobs. D'ailleurs, et c'est fait exprès, l’image d’Elon en couverture ressemble à s’y méprendre à celle du cofondateur d'Apple.
👉🏻 Note : la première version de ce post a été originellement publiée sur LinkedIn mais j’ai décidé de la partager ici, avec l’ajout de quelques éléments supplémentaires pour prolonger les discussions
Pour commencer, je dois l’admettre, j'ai dévoré le livre 📚 et ses 95 chapitres de quelques pages chacun en à peine une semaine. Pour l'écrire, l'auteur a passé deux ans avec Elon Musk. Il a assisté à de nombreuses réunions. Il a passé de longs moments à discuter avec lui tard le soir. Il a aussi mené des entretiens avec ses plus proches, mais aussi avec d’anciens collaborateurs, dont certains ont été mis à la porte sans ménagement.
Comme le livre contient beaucoup d’informations, je me suis limité dans cette édition :
1️⃣ aux traits de personnalité du fondateur de SpaceX, et patron de Tesla et X,
2️⃣ ses motivations,
3️⃣ ses principales réalisations,
4️⃣ les raisons de sa réussite et
5️⃣ ses projets pour le futur.
Aussi, je précise que je ne disserterai pas pour savoir s’il est méchant ou gentil. Chacun se fera son avis. Comme le résume très bien Walter Isaacson : "les grands innovateurs sont sans doute des têtes brûlées". Ils sont capables du meilleur comme du pire. Rappelons que l'objectif ultime de Musk est la colonisation 🚀 de Mars et que ce n'est pas du tout une idée en l'air. C'est SA raison d'être.
Pourquoi ? Parce qu'il pense que la Terre est foutue, menacée par les astéroïdes et par la hausse des températures.
📣 "Ma mission dans la vie, c'est de transformer l'humanité en civilisation multiplanétaire", explique Elon Musk à Walter Isaacson.
L’homme aux personnalités multiples
Hyperactif, insensible, workaholic, visionnaire, colérique, obstiné, impétueux, impitoyable : les qualificatifs ne manquent pas pour décrire Elon Musk. Souvent, ils ne sont pas flatteurs.
Au quotidien, il peut se montrer tour à tour enfantin puis brutal dans sa façon de traiter les gens. Il souffre aussi d'épisodes dépressifs assez sévères. Il traverse des moments difficiles à la suite de la mort de son premier enfant peu après sa naissance, lors des déboires de SpaceX et Tesla et lors de conflits avec son père et d’une séparation amoureuse difficile (cf. plus bas).
Il est également sujet à des moments d'absence prolongés quand il se réfugie au fond de ses pensées 🧠, le regard perdu dans le vide.
Exemple de ces changements d'humeur : un jour, ses cousins à la tête de Solar City lui présentent des toits solaires. Il s’exclame : « c’est de la merde, de la merde totale, putain, immonde ». Au moins, c'est clair !
Il entretient des relations exécrables avec son père Errol qu’il qualifie « d’être humain si épouvantable ». Il a bien raison, c’est un vrai con. Problème : il semble suivre son exemple quand il bascule parfois dans les théories du complot.
Ses aventures amoureuses sont également très conflictuelles 💔. Talulah Riley, sa deuxième épouse, la plus aimante et la plus équilibrée de toutes, confie à l'auteur du livre qu'elle "voulait l'empêcher de devenir le roi-fou". Une entreprise vaine : ils finiront par divorcer une deuxième fois, après un remariage infructueux. Selon Isaacson, elle l'aimerait encore, et ce, malgré tous ses défauts.
Peu après, il se trouve une nouvelle campagne en la personne de la fameuse Amber Heard, l'ex de Johnny Depp. C'est un désastre. Elle est incroyablement toxique, une manipulatrice de haut vol. Ils se séparent peu de temps après. Pendant des mois, Musk est anéanti par la rupture.

📣 « Musk est privé des récepteurs émotionnels qui génèrent de la gentillesse, de la chaleur humaine et le désir d’être aimé. Il n’est pas câblé pour éprouver de l’empathie. Ou, pour le formuler en des termes moins techniques, il peut se conduire en véritable trou du cul ». Walter Isaacson.
Une cadence infernale, des clashs nombreux
Au travail, c'est la même chose. Il attend une implication totale de ses plus proches collaborateurs. Sans surprise, il est extrêmement exigeant. Il fixe des délais irréalistes pour les pousser à aller toujours plus loin, toujours plus vite. Il impose des phases de rush frénétique à ses équipes. C’est son mode « démon » 🧛♂️.
Même s'il est difficile à suivre, Musk parvient à s'entourer des meilleurs ingénieurs. Il n'hésite pas à les maltraiter et à les mettre à la porte sans ménagement quand il estime qu'ils ne font pas - ou plus - l'affaire. Il se brouille même un temps avec Kimbal, son frère dont il est très proche.
En définitive, rares sont ceux qui trouvent grâce à ses yeux 👀. Mais, il y en a quand même comme Shivon Zilis, fan du milliardaire, une des directrices de Neuralink, qui aura deux enfants par fécondation in vitro grâce à son sperme ! Il est aussi proche de Franz Von Holzhausen, le designer de Tesla 🚗 à l’origine de la Model S, la Model X, la Tesla roadster (entre autres) ou Gwynne Shotwell, présidente de SpaceX depuis 2008.
Sur le plan politique, il méprise tout autant Biden qu'il trouve ennuyeux à mourir et qu'il compare à "une vieille chaussette mouillée à forme humaine" 🤷♂️ et Trump qu'il considère comme un baratineur de première, à l'image de son père qu'il déteste.
Un rapport ambigu avec l’argent
Contrairement à une idée répandue, l’argent n'est pas sa motivation principale. À la fin de ses études, il reçoit des propositions pour travailler à Wall Street. Il refuse. Il estime que les banquiers et avocats n’apportent pas de grande contribution à la société.
Autre illustration : quand il vend Zip2, sa toute première société, il empoche un chèque 💵 de 22 millions de dollars à l'âge de 27 ans. Au lieu d’acheter une îles au Bahamas, il utilise une grande partie de la somme pour investir dans une nouvelle boîte, X.com en l’occurrence. Il continue à travailler jour et nuit, sans répit.
📣 « Je voulais laisser une trace plus importante » explique simplement Elon Musk à Walter Isaacson.
Il s’achète quand même une Mclaren F1, la voiture de série la plus rapide à l’époque 🏎️ (cf. la vidéo quand on lui la livre avec Justine, sa première épouse). Pour l'anecdote : il détruira le véhicule lors d’un grave accident avec, à son bord, Peter Thiel, un autre grand nom de la tech américaine. Les deux en sortent indemnes. Par miracle.
Quelques années plus tard, il s'offusque contre les vendeurs à découvert de Tesla qui déstabilisent son entreprise et qui ne sont intéressés que par le gain à court terme, comme Bill Gates qu'il critiquera sévèrement.
En 2020, il décide de vendre toutes ses maisons 🏘️, dont sa somptueuse villa de 1500 m2 achetée pour 17 millions de dollars située dans le très chic quartier de Bel Air à Los Angeles. Depuis, il vit chez des amis ou dans des locations dont une minuscule maison à Boca Chica, tout près d'un site de lancement de SpaceX, à la pointe sud du Texas.
Pourquoi un tel choix ? Selon lui, parce que le confort ramollit mais aussi en raison des critiques répétées sur son existence de propriétaire milliardaire. Au passage, il tacle Jeff Bezos pour sa vie luxueuse et son engourdissement.
À noter : Elon Musk a payé la plus grosse facture fiscale de l’histoire des États-Unis pour un montant de 11 milliards de dollars, suite à la vente d’une partie de ses actions Tesla et à la plus-value réalisée.
Trois fois mieux que Steve Jobs !
Walter Isaacson dresse le constat suivant dans les deniers chapitres du livre : Elon Musk est aujourd’hui à la tête de six entreprises (Tesla, SpaceX, The Boring company, Neuralink, X et xAI), alors que Steve Jobs, à son apogée, n’en avait que deux sous son contrôle (Apple 🍏 et Pixar).Toutefois, le nombre ne fait pas tout : Apple reste la plus grande entreprise du monde en termes de capitalisation, plus de trois fois supérieure à celle de Tesla.
Les différences entre les deux innovateurs ne s’arrêtent pas là : à l’inverse de Jobs, Musk ne concentre pas seulement son énergie sur la conception du produit. Elle s’applique aussi aux données scientifiques, d’ingénierie et de fabrication inhérentes à tout le processus. Les départements conception, ingénierie et fabrication travaillent ainsi de concert. Une telle manière de faire lui confère un avantage compétitif.
Avec cette méthode bien à lui, Elon Musk a réussi ce que nombreux considéraient impossible : il a fait de Tesla, qu’il n’a pas fondé, le premier constructeur de véhicules électriques grand public. Il fait aussi de ses voitures un concentré de technologie avec l’Autopilot, un système d’assistance à la conduite. Pour l’anecdote : le nom de Tesla a été donné en hommage à Nikola Tesla, l’inventeur du moteur à induction.
Ce n’est pas tout : Elon Musk a révolutionné la conquête spatiale, avec la fabrication des fusées 🚀 les moins chères de l’histoire mais aussi réutilisables (elles décollent mais peuvent revenir sur Terre), ce que beaucoup pensaient infaisable voire carrément grotesque. Voyez cette vidéo extraordinaire en lien ! Il est également aux premières loges dans la confection du Raptor, le moteur de Starship, la plus grande fusée du monde avec ses 120 mètres de haut.
Outre l’électrification des véhicules et la fabrication de fusées de toute taille, il est aussi l’une des personnalités les plus influentes de l’intelligence artificielle. Lors d’un dîner en petit comité à Palo Alto en 2015, il confonde avec Sam Altman un laboratoire de recherche sur l’IA nommé OpenAI qui donnera naissance à ChatGPT des années plus tard ! Il lance également en 2016 Neuralink qui développe une puce homme-machine et xAI cette année.
Pour autant, tout n’a pas été simple : en 2008, Tesla et SpaceX sont au bord de la faillite, notamment après trois échecs de lancement du Falcon 1 (nom donné en hommage au vaisseau spatial de Star Wars 🛰️). On lui conseille d’en lâcher une pour sauver l’autre. Il s’entête contre l’avis de tous. En travaillant jour et nuit pendant des semaines et en mettant une pression extrême sur ses équipes, il sauvera les deux.
Il connait aussi des échecs : la conduite autonome qu’il promet depuis tant d’année ne fonctionne toujours pas, SolarCity dans lequel il investit ne décolle jamais, tout comme the Boring company.
Qu’est-ce qui fait sa force ?
Avec une telle personnalité erratique et instable, sans parler de son Asperger et de sa - probable – bipolarité -, Elon Musk ne semblait pas avoir les meilleures dispositions pour réussir.
Mais en regardant les choses de plus près, trois ingrédients 👨🍳 ont fait la différence avec le temps :
1. Son leadership technique :
C’est le premier ingrédient : Elon Musk n’est pas qu’un entrepreneur chevronné. C’est un ingénieur qui a un avis sur à peu près tous les sujets techniques, de la conception d’une fusée à la construction d’une voiture électrique aux lignes de code 👨💻. Dès l'âge de 12 ans, il conçoit un jeu vidéo nommé Blastar. Aujourd'hui, il adore parler pendant des heures de lithium, de fer, de cobalt et d’acier inoxydable.
En plus de l’ingénierie, Musk est un meneur d’hommes. Il aime tout contrôler. Il a un tempérament de fer et de compétiteur brutal. Rappelons qu’il a été élevé en Afrique du Sud, un pays violent. Il part ensuite pour le Canada à 18 ans puis s'installe aux États-Unis.
Arrivé à la tête de Twitter fin 2022, il se débarrasse de 75% des effectifs 🫣. Contrairement aux pronostics, le réseau social rebaptisé X comme l’un de ses enfants (on peut faire mieux en termes de branding) continue à fonctionner tant bien que mal, avec des revenus publicitaire en recul et une audience en baisse ; preuve que sa décision n’était sans doute pas la plus judicieuse. Autre erreur potentielle : Musk considère Twitter comme une entreprise technologique. Dans un réseau social 🌐, le facteur humain semble plus important.
Isaacson résume : Elon Musk a provoqué chez Twitter l'un des plus grands bouleversements de la culture d'entreprise de l'histoire, d'un espace de travail protecteur où les employés bénéficiaient de repas gratuits, du télétravail généralisé et d'un jour de repos payé chaque mois pour lutter contre "l'épuisement professionnel", à un espace de travail éprouvant sur le plan psychique.

2. Son anticonformisme
C’est le deuxième ingrédient : Musk, vous l’aurez compris, n’a que faire des conventions et des normes sociales. Il ne se plie à aucune règle, surtout celles qu’il juge « débiles », un mot qu’il utilise souvent. L'un des principaux commandements de son algorithme est de remettre en cause toutes les conditions requises.
C’est tout particulièrement vrai dans sa manière d’organiser ses usines Tesla (tout sera fait sur place), de fabriquer les fusées de SpaceX (il le fait lui-même avec des ingénieurs dévoués à sa cause), de créer Starlink, de lancer l'Autopilot, le robotaxi ou Neuralink. Il n’hésite pas à tout chambouler, quitte à choquer. Lors de la restructuration brutale de Twitter, il dort plusieurs nuits sur un canapé au QG du réseau social à San Francisco.


3. Son goût immodéré pour le risque
C’est le troisième ingrédient et peut-être le plus important : Musk adore le risque, il ne cherche jamais à le minimiser, bien au contraire, c’est son carburant. C’est un trait de personnalité qui le différencie de beaucoup d'autres entrepreneurs. Les chapitres sur le rachat de Twitter sont d'ailleurs assez symptomatiques de son goût pour le risque et le danger, surtout quand il s'aventure de manière pour le moins hasardeuse sur la scène politique.
📣 "C'est comme ça que les civilisations sombrent dans le déclin. Elles cessent de prendre des risques. Année après année, il y a de plus en plus d'arbitres et de moins en moins d'acteurs" confie Elon Musk à Isaacson.
Ses projets : la conquête de Mars et bien plus encore
Ce qu’il veut, c’est atteindre Mars 🌕 de son vivant. Mais pas que …
Il est de plus en plus impliqué dans l’IA : Dojo, le superordinateur de Tesla pourrait permettre à la conduite autonome par intelligence artificielle de devenir réalité. Et au constructeur de s’établir comme l’un des géants mondiaux de l’IA.
Quant à X, nous verrons bien. Peut-il vraiment en faire une app tout en un comme il le souhaite depuis longtemps ? Ça semble mal parti. Mais n’oublions pas qu’Elon Musk est un homme plein de ressources qu’il ne faut pas sous-estimer. On l’a déjà vu avec Tesla et SpaceX.
Pour méditer un peu et prendre de la hauteur, je partage cette citation que l'on peut retrouver à la toute fin de la biographie :
📣 "On dit que les hommes les meilleurs sont pétris de défauts, et que le plus souvent, après avoir eu quelque faiblesse, ils n'en valent que mieux." Shakespeare, dans Mesure pour Mesure.
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À très vite,
Amaury