🗳 Transporter les élections sur la Blockchain / 🪖 La première « crypto-guerre » au monde
Monthly Recap - Mars 2022
✨ Bonjour à tous,
Je suis très heureux de vous retrouver pour mon traditionnel récap mensuel. Ce mois-ci, le programme est en lien direct avec l’actualité :
Alors que nous sommes bientôt appelés aux urnes 🗳, la sélection du mois est consacrée à la manière dont le processus électoral pourrait évoluer dans les années à venir.
Comment ?
👉🏻 Grâce à la Blockchain.
L’idée qui se cache derrière : proposer un vote numérique sécurisé, en plus d’un vote traditionnel qui se passe dans l’isoloir ;
Le point mensuel sur les cryptos est élargi au contexte de la guerre en Ukraine 🇺🇦.
Pour le Washington Post, nous vivons “la première crypto guerre” au monde.
👉🏻 J’expliquerai ce que cela change, notamment pour faire des dons et venir en aide aux Ukrainiens lâchement bombardés.
La question du mois : 💬 faut-il créer une organisation mondiale de la data ?
La proposition est innovante et le défi énorme car le risque cyber n’a jamais été aussi grand !
📩 Si vous n’êtes pas encore inscrit, il est grand temps de le faire :
I/ LA SÉLECTION DU MOIS
L’idée de mettre en place le vote électronique n’est pas nouvelle… Mais l’idée de réaliser un scrutin par le biais de la Blockchain pour mieux le sécuriser l’est davantage. D’ailleurs, quelques rares expérimentations ont déjà eu lieu. J’y reviens un peu plus loin…
👉🏻 Mais d’abord, posons les bases …
Comme expliqué dans mon décryptage de janvier, la Blockchain a été conçue à l’origine avec le Bitcoin en tant que registre de compte distribué consultable par tout un chacun depuis son ordinateur. Au départ, il s’agit donc de valider et d’enregistrer des transferts de fonds.
💰 Du reste, les investissements dans la Blockchain se concentrent toujours en majorité dans les secteurs des paiements, de la finance, des marchés de capitaux et du trading. En la mettant en place, les professionnels s’attendent à 1) faire d’importantes économies et 2) améliorer l’efficacité de leur organisation. En voici l’illustration dans le graphique ci-après :
Pour autant, l’utilité de la Blockchain ne se limite pas aux activités financières et bancaires. Et c’est ce changement que nous commençons à expérimenter avec les DAOs notamment.
🗣 Comme le dit Marc Andreessen, à la tête du fonds de capital-risque Andreessen - Horowitz, la Blockchain est : “la plus grande invention depuis Internet” !
La Blockchain peut donc servir à faire plein d’autres choses que d’enregistrer des transactions. Par conséquent, elle peut être utilisée pour valider et stocker toutes sortes de données dont des votes en toute transparence. Mais cela à deux conditions :
la Blockchain doit être gérée par l’État (ou la commune) qui organise le scrutin. Il y a donc un intermédiaire qui assure que tout se passe bien. Il doit également déterminer quelle blockchain serait utilisée à cette fin :
soit il s’agit d’une nouvelle blockchain confectionnée par un gouvernement (pas facile à imaginer, je vous l’accorde),
soit il s’agit d’une blockchain qui existe déjà et qui est récupérée dans le cadre du vote.
📝 En résumé : Le vote ne pourrait pas se faire sur une blockchain publique accessible à tous mais sur une blockchain “privée” ou rendue “privée” avec la présence d’un intermédiaire pour gérer le système et les droits d’accès.
le citoyen devra avoir une identité numérique pour pouvoir voter. En gros, un vote sur Blockchain reposerait sur l’attribution d’un jeton à chaque citoyen. C’est la même chose que pour une DAO, sauf que vous ne payez pas pour l’avoir.
Quelle différence avec le vote électronique ?
✅ Réponse : la manière dont le vote est enregistré.
Avec la Blockchain, ce dernier est visible, mais de manière cryptée pour respecter l’anonymat du votant. On peut le considérer comme un approfondissement du vote électronique qui suscite (déjà) beaucoup de réticences.
Pourquoi ? Parce que nombreux sont ceux à le considérer peu fiable.
Pour info, l’Estonie 🇪🇪 est très en avance en matière de société numérique. Toutefois, c’est un petit pays avec peu d’habitants, ce qui rend sans doute la transition plus aisée. Si vous voulez en savoir plus : je vous conseille d’écouter le Ted Talks en lien.
Quel intérêt de transposer le scrutin sur Blockchain ?
Cela est censé réduire les fraudes et donc renforcer la confiance et, de la sorte l’engouement pour le vote.
De là à réduire l’abstention … Ce n’est sans doute pas si simple. La qualité des programmes des candidats joue aussi !
Des expérimentations en cours ?
Dans la ville de Zoug en Suisse 🇨🇭 …. une ville réputée pour être un pôle de développement des nouvelles technologies et en Colombie 🇨🇴 (pas facile d’organiser un vote physique dans un pays miné par la guerre) !
Mais il faudra sans doute pas mal de temps avant que cela ne se concrétise dans le monde réel.
II/ LE POINT MENSUEL SUR LES CRYPTOS
Le mois de mars a été marqué par une phase de stabilité puis d’un rebond très net ↗️ sur le marché des cryptos, et ce, en dépit d’une première (légère) hausse des taux de la Fed depuis 2018 face à une inflation toujours plus galopante.
Vous trouverez quelques statistiques dans la “heatmap crypto” : + 18 % pour Bitcoin, + 21 % pour Ethereum, et même + 56 % pour Terra !
Il faut dire qu’avec la guerre en Ukraine, l’intérêt du Bitcoin semble plus évident à beaucoup de monde.
Pourquoi ?
✅ Parce qu’il montre son efficacité pour transférer des fonds librement et rapidement partout sur la planète, parce qu’il montre qu’il peut être une alternative (encore très embryonnaire) aux structures de règlements traditionnelles qui n’utilisent pas la technologie Blockchain et qui reposent sur des intermédiaires (les banques en particulier).
🔑 Le gouvernement ukrainien a d’ailleurs transmis sur Twitter sa clé publique pour pouvoir lui transférer des dons en BTC et ETH.
👨🏼💻 Vous pouvez aussi vous rendre sur la plateforme officielle du gouvernement ukrainien pour faire des dons dans une plus large gamme de cryptos. 65 millions de dollars 💰💰💰 ont déjà été collectés.
🌍 En dehors de l’Ukraine, la levée de fonds s’organise également. Une DAO (organisation autonome décentralisée), une communauté numérique a été créée à cet effet. Il est possible de consulter l’ensemble des transactions réalisées et de faire des dons en ether pour soutenir l’aide humanitaire aux civils affectés par les bombardements russes 🇷🇺.
▶️ Pour en savoir plus sur les DAOs : vous pouvez lire ou relire mon rapport de février.
Revers de la médaille, les cryptos pourraient être utilisés par les dirigeants / oligarques russes pour contourner les sanctions.
Autre déclaration importante : la Russie qui demande désormais aux importateurs de payer son gaz en roubles a même évoqué l’idée d’accepter des règlements en bitcoins en plus de sa devise nationale !
Eh oui, comme on dit : la technologie est agnostique. Elle ne prend pas parti. Tout cela prouve que la géopolitique joue un rôle toujours plus important en matière d’adoption des cryptos.
✅ Le marché a également été stimulé ce mois-ci par l’annonce de Bain Capital d’investir 500 millions de dollars 💵💵💵 dans des projets de la cryptosphère. Cela montre une nouvelle fois l’engouement grandissant des institutionnels pour ces nouveaux actifs.
Par ailleurs, le Parlement européen 🇪🇺 n’a finalement pas voté l’interdiction de la preuve de travail (ou proof of work), un consensus de validation des opérations sur Bitcoin et Ethereum, qui aurait gravement impacté l’industrie. Toutefois, le répit pourrait être de courte durée. Il est possible que le sujet revienne prochainement sur la table. À suivre avec attention donc.
L’idée derrière la mesure est de réduire l’impact écologique du processus puisque ce dernier nécessite énormément d’énergie, ce qui est contraire aux objectifs climatiques 🌿 des grandes puissances.
Pour rappel, il existe d’autres méthodes de validation plus économes en énergie comme la preuve d’enjeu (ou proof of stake). Du reste, Ethereum devrait, dans les prochains mois, migrer sur ce système, ce qui pourrait réduire ↘️ sa consommation d’énergie d’au moins 1 000 fois et augmenter sa capacité de traitement des transactions. Rien que ça !
👨🏻⚖️ Autre grande nouveauté en matière de régulation : Joe Biden, le président américain 🇺🇸, a signé mercredi 9 mars un décret pour “garantir le développement responsable des actifs numériques”.
👉🏻 Vous pouvez retrouver dans le lien le texte dans son intégralité. Nous vous conseillons de le lire : c’est très intéressant ! En gros : vous saurez tout sur la stratégie américaine en la matière dans les 6 mois à venir. J’aurai donc l’occasion d’en reparler dans de prochaines éditions.
Après sa parution, la communauté crypto a d’ailleurs poussé un ouf de soulagement !
Pourquoi donc ?
Alors que les cryptos pourraient menacer le pouvoir exorbitant du dollar dans les transactions internationales, l’administration américaine semble pourtant repousser l’idée d’une interdiction ⛔️ pure et simple de ces nouveaux actifs.
🏛 Le locataire de la Maison Blanche indique même qu’il est dans l’intérêt de son pays de rester “à l’avant-garde du développement des actifs numériques” et donc de la technologie sous-jacente. Je parle bien entendu de la Blockchain.
Tout cela semble stimuler le marché.
Affaire à suivre en avril …
III/ LA QUESTION DU MOIS : FAUT-IL CRÉER L’OMD (L’ORGANISATION MONDIALE DE LA DATA) ?
La question du mois part de trois constats :
la data devient l’or du XXIème siècle ;
la maîtrise de la data fait l’objet de rivalités et de tensions toujours plus fortes entre les entreprises et entre les États ;
l’exploitation de la data soulève des questions en matière de protection des libertés individuelles.
C’est dans ce contexte nouveau que l’idée de créer une WDO (une World Data Organization - WDO - ou Organisation Mondiale de la Data) a été mise sur le tapis par Iam Bremmer, un politologue américain qui s’intéresse notamment à la perte d’influence des pays du G7 sur la scène internationale.
Quels seraient les objectifs d’une telle organisation ?
🟢 Réduire les menaces / attaques cyber qui peuvent être qualifiées “d’agression numérique” d’un État par un autre.
Trois exemples récents :
Stuxnet, le malware développé par les Israéliens et les Américains pour s’attaquer aux centrales nucléaires iraniennes ;
Les cyberattaques contre l’Estonie en 2007 qui ont paralysé tout le pays et qui auraient été menées par des … hackers russes ;
Les attaques de Wiper, un logiciel malvaillant qui vise à s’introduire dans les systèmes informatiques pour y détruire des données, se seraient renforcées dans le cadre de la guerre en Ukraine.
🟢 Lutter contre le “splinternet”, c’est-à-dire la fragmentation du web entre régions du globe avec le risque d’affrontement entre géants technologiques chinois et américains en particulier, ce qui pourrait avoir pour conséquence d’étendre la guerre commerciale au domaine de la data ;
🟢 La mise en place de bonnes pratiques partagées au niveau international en matière d’exploitation des données personnelles et d’intégration de l’intelligence artificielle dans les entreprises.
La proposition est-elle réaliste ?
🟠 Pas vraiment …
Quand on regarde les autres organisations multilatérales qui ont les pires difficultés à exister actuellement comme l’ONU ou l’OMC, il parait difficile d’en créer une nouvelle dans un tel contexte avec des enjeux si considérables qui plus est.
Toutefois, ce n’est pas parce que c’est un projet complexe qu’il faut l’enterrer. Car l’idée, en soi, est intéressante.
❤️❤️❤️ Si vous avez aimé cette édition, n’hésitez pas à liker et à la partager autour de vous afin que ma lettre puisse encore gagner en popularité (merci beaucoup par avance) :
N’hésitez pas à me retrouver sur Twitter sur mon compte ou sur celui de la news et sur LinkedIn.
J’ai également crée une newsletter “backstage” sur LinkedIn pour parler / discuter des livres autour de l’économie numérique.
À très vite,
🗽 DREAM BIG !
Amaury