Bonjour Ă tous,
Comme vous avez pu le voir ces derniers jours, la panique est de retour dans le secteur bancaire đŠ, au point que certains redoutent dĂ©sormais une rĂ©pĂ©tition de la crise de 2008 suite Ă la dĂ©route de la banque dâaffaires Lehman Brothers.
AprĂšs avoir commencĂ© aux Ătats-Unis đșđžavec la faillite de deux banques de taille moyenne dâenvergure rĂ©gionale (mais pas des naines non plus), la fiĂšvre sâest hier propagĂ©e Ă lâEurope đȘđș suite Ă la publication (retardĂ©e) du rapport annuel de CrĂ©dit Suisse pour le moins inquiĂ©tant sur la santĂ© de lâĂ©tablissement ⊠qui se classe Ă la 43 Ăšme place du classement des plus grandes banques mondiales (en taille de bilan)
đ« Tellement inquiĂ©tant que son principal actionnaire, la Saudi National Bank, a mĂȘme catĂ©goriquement refusĂ© de lui venir en aide, ce qui a dĂ©clenchĂ© un sell-off massif ; la banque suisse a perdu âŹïž plus de 30% en sĂ©ance ⊠une dĂ©gringolade inhabituelle pour des acteurs Ă©tablis.
â ïž OK, les problĂšmes de cette banque ne sont pas nouveaux, mais dans le climat actuel de peur sur les marchĂ©s, cela a eu des effets particuliĂšrement sĂ©vĂšres avec de grandes banques europĂ©ennes qui ont vu leur cours plonger ⊠BNP Paribas et SociĂ©tĂ© GĂ©nĂ©rale perdant 10% et 12% respectivement, avec la crainte dâun effet contagion đł.
âźïž Mais revenons Ă lâĂ©picentre de la crise avec la faillite de la Silicon Valley Bank, la deuxiĂšme plus importante dans lâhistoire du pays đșđž, qui Ă©tait aussi la 16Ăšme plus grande banque amĂ©ricaine, suivie peu de temps aprĂšs par la banqueroute de la Signature Bank.
Silicon Valley : une faillite atypique
đŹ Comment expliquer quâune banque fondĂ©e il y a 40 ans par un professeur de lâuniversitĂ© de Stanford et prisĂ©e de la communautĂ© tech amĂ©ricaine (la fameuse et si prestigieuse Silicon Valley) a-t-elle pu sâeffondrer si vite ?
âĄïž Pour faire court : câest Ă cause dâune trĂšs mauvaise gestion actif / passifâŠ
En gros : La SVB a investi les dĂ©pĂŽts Ă vue (ceux qui peuvent ĂȘtre retirĂ©s Ă tout instant) de ses clients dans des bons du TrĂ©sor Ă 10 ans et dâautres obligations de long terme et nâa donc pas du tout diversifiĂ© ses financements đ« .
Il y a un terme qui rĂ©sume le problĂšme : câest le âmismatchâ â entre les Ă©chĂ©ances. Courte dâun cĂŽtĂ©, longue de lâautre.
đŹ OK, mais pourquoi ça a posĂ© tant de problĂšme dâun coup ?
Tout simplement, parce que les taux dâintĂ©rĂȘt ont remontĂ© trĂšs vite ces derniers mois, ce qui a eu pour effet de faire chuter âŹïž la valeur de titres de SVB et cela a posĂ© un problĂšme quand il a fallu rĂ©pondre aux demandes de retraits des clients !
Les premiers enseignements / réflexions sur la crise
La faillite de la SVB est unique en son genre : il nây a pas eu de malversations đ„·đ», pas eu dâinvestissements hasardeux dans des produits pourris, Ă risque ou innovants. Pire, câest mĂȘme Ă partir dâactifs considĂ©rĂ©s comme sĂ»rs que la crise est venue.
Les rĂ©seaux sociaux đŠ ont accĂ©lĂ©rĂ© la vitesse du bank run (fuite des dĂ©pĂŽts des Ă©pargnants) subi par SVB, Ă partir de messages envoyĂ©s par des investisseurs sur Reddit, Twitter, WhatsApp, Slack et compagnie enjoignant les clients de la banque de retirer leur pions (leur fric) de la banque de toute urgence.
Pour vous donner une idée du phénomÚne nouveau que le régulateur va devoir intégrer :
đ SVB a Ă©tĂ© submergĂ© en un jour par 42 milliards de dollars de demandes de retraits. Un record historique !
đ Pour Washington Mutual qui reste Ă ce jour la plus importante faillite bancaire dâune banque de dĂ©pĂŽts amĂ©ricaine : il a fallu 16,7 milliards de dollars de demandes de retraits en 9 jours pour causer sa dĂ©faillance. CâĂ©tait en 2008.
Il est mĂȘme possible de parler du premier âswipe-crashâ de lâhistoire bancaire : au lieu de se rendre aux guichets de la banque pour retirer leurs fonds, les entrepreneurs ont âswipĂ©â, balayĂ© du doigt lâĂ©cran de leur smartphone đ± pour envoyer leurs fonds ailleurs.
La rĂ©glementation bancaire amĂ©ricaine đšââïž a failli : en effet, SVB Ă©tant sous le seuil de 250 milliards de dollars de dĂ©pĂŽts, elle nâavait en consĂ©quence plus besoin depuis 2018 de publier de ratios de liquiditĂ©. Or, cela permet, pour faire simple, de prouver que lâon dĂ©tient assez dâactifs pour faire face Ă des demandes de retraits.
La faillite de SVB a rappelĂ© aux investisseurs que la remontĂ©e âŹïž des taux comporte un risque pour leur profil de financement, sâil nâest pas assez couvert. Du cĂŽtĂ© des banques amĂ©ricaines, il y aurait 620 milliards de dollars de moins-values latentes.
Le risque sur la stabilitĂ© financiĂšre devrait avoir des consĂ©quences en matiĂšre de politique monĂ©taire. DĂ©sormais les investisseurs sâattendent Ă une pause âžïž dans la hausse des taux de la Fed, voire Ă une baisse, et ce, malgrĂ© une inflation toujours Ă©levĂ©e et persistante.
đ€Ż Attention Ă la guerre des dĂ©pĂŽts : les AmĂ©ricains (et les EuropĂ©ens) pourraient dĂ©placer leurs fonds des banques jugĂ©es peu sĂ»res (pas assez rĂ©gulĂ©es) aux banques jugĂ©es plus solides (mieux rĂ©gulĂ©es notamment).
Je mâarrĂȘte ici. Pour le moment.
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Bonne journée à tous,
Amaury